Au début de l’aventure des OVNIS, tout paraît simple : ces objets volants bizarres, s’ils ne sont ni des engins humains ni des phénomènes naturels ni des illusions d’optique, sont nécessairement des engins intergalactiques avec à leur bord des extraterrestres, des voyageurs venus d’une autre planète pour nous visiter (dans le meilleur des cas) ou pour nous anéantir (dans le pire des cas). Au fond, ils sont comme nous, mus par une insatiable curiosité de découvrir l’Univers ! Mais ils sont visiblement plus avancés que nous, car leurs engins accomplissent des prouesses qui nous sont (pour l’instant, pensons-nous) inaccessibles, et ils ont parcouru des distances considérables alors que l’humanité, à l’époque, n’a même pas encore mis le pied sur son satellite, la Lune.
Ils n’ont pas l’air bien méchants. Ils seraient même plutôt farceurs, jouant à cache-cache avec nos avions, nous faisant parfois tourner en bourrique. Il est passé par ici, il repassera par là. Certes, il y a bien des récits effrayants de contacts rapprochés (RR3) [1] et même d’enlèvements (RR4) [2], dont les victimes ne rentrent pas indemnes, mais enfin la guerre des mondes n’a pas eu lieu et les « extraterrestres » semblent avoir des intentions pacifiques. Ils apparaissent comme des êtres bienveillants, cherchant à nous connaître et à nous protéger... de nous-mêmes. Ils semblent par exemple inquiets du développement de notre arsenal nucléaire civil ou militaire [3].
Aux États-Unis, de très nombreuses sectes se sont créées, comme le Mouvement raëlien, pour adorer ces nouveaux dieux, ces êtres bien supérieurs à nous, qui sont perçus comme détenteurs d’un savoir précieux sur la vie, sur l’Univers et sur nous, pauvres humains, à l’intelligence encore balbutiante... Ces adorateurs souhaitent ardemment que les extraterrestres prennent enfin contact avec nous et nous aident à progresser dans la connaissance et dans la sagesse.
Ces mouvements inquiètent les pouvoirs publics, car ils montrent à quel point une partie de la population se soumettrait facilement à une influence extérieure si les extraterrestres se décidaient vraiment à intervenir dans la marche de nos civilisations. Mais heureusement, pour l’instant, ils restent dans le ciel, se contentant de quelques rares contacts avec des humains.
Mais assez vite, le statut d’extraterrestres de ces voyageurs a été remis en cause car l’on s’est vite rendu compte que quelque chose clochait. L’hypothèse « extraterrestre » (HET) a commencé à avoir du plomb dans l’aile [4]. Revenons un peu en arrière au début du phénomène OVNI.
Les extraterrestres débarquent en 1947
Tout commence le 24 juin 1947 lorsqu’un industriel américain, Kenneth Arnold, qui survole les Rocheuses à bord de son avion personnel, aperçoit neuf objets circulaires dans le ciel. Ces objets sont animés d’un mouvement d’ondulation qui les fait ressembler, dit-il au journaliste venu l’interviewer, à « des soucoupes ricochant à la surface de l’eau ». Il n’en faut pas plus pour que ledit journaliste présente les objets vus par le pilote comme des « soucoupes volantes ». L’expression aura le succès que l’on sait.
Par la suite, les observations se multiplient et les autorités s’efforcent tant bien que mal de leur trouver une explication. Que sont donc ces « Objets Volants Non Identifiés », ces OVNIS [5], UFO en anglais (Unidentified Flying Object) qui résistent à une explication banale ? Pour ne pas effrayer les populations et limiter la multiplication des adorateurs des « petits hommes verts », les autorités tentent de minimiser le phénomène, trouvant à chaque fois une explication « scientifique » (phénomène atmosphérique, ballon météorologique, chute de comètes dans l’atmosphère, lumières d’avions, etc.). À cette époque, les États-Unis et l’URSS sont en pleine « guerre froide » et les OVNIS sont utilisés par les deux camps pour intimider l’adversaire en faisant croire que l’on a capturé un extraterrestre et que l’on dispose de ce fait d’une technologie avancée, etc. Cela ne va pas faciliter l’approche sereine du phénomène. Le but de cette désinformation est aussi de dissimuler les essais en vol de nouveaux engins de guerre. Bref, la CIA mélange habilement le vrai le faux. On nie le phénomène pour rassurer les populations mais en même temps, on lui donne corps pour effrayer l’adversaire. Pas facile de s’y retrouver. Du coup, d’emblée, le phénomène est présenté comme une « croyance ». On croit aux OVNIS ou on n’y croit pas.
Les « soucoupes volantes » vont très vite occuper notre imaginaire. Le thème va être abordé dans des romans, des bandes dessinées, des films, des séries télévisées. Certes, on n’a pas attendu le témoignage de Kenneth Arnold de 1947 pour traiter l’invasion des extraterrestres dans la fiction. H. G. Well a écrit « La Guerre des mondes » en 1898 et Orson Wells en l’adaptant à la radio en 1938 a créé une belle panique ! L’observation du pilote américain fait pour ainsi dire passer le phénomène du rêve à la réalité. Une sourde inquiétude inconsciente se concrétise soudain dans le ciel. Ce « déversement du rêve dans la réalité » selon l’expression de Gérard de Nerval est, on le verra, au centre de la problématique du phénomène OVNI.
La mise en scène de visiteurs venus de lointaines contrées de l’Espace a certes quelque chose de terrifiant mais en même temps elle nous réconforte car elle prouve que nous ne sommes pas seuls dans l’Univers... « Not Alone » [6] disent, soulagés, les anglophones.
Il y a dans ces fictions une sorte d’effet miroir puisque l’homme lui-même, après avoir découvert la plus grande partie de la Terre, espère bien un jour se lancer dans l’exploration d’autres planètes, en commençant par notre satellite, la Lune, sur lequelle, bien avant Neil Armstrong en juillet 1969, Jules Verne avait déjà fait débarquer ses héros [7]. Que d’autres, au fin fond de l’Univers, ait la même envie que nous semblait aller de soi.
S’ils existent, où sont-ils donc ?
De fait, l’existence d’extraterrestres, quoique niée par les autorités — sans l’être tout en l’étant — est bien ancrée dans nos esprits, du moins dans nos imaginaires. Car dans la réalité, c’est autre chose. Plus les scientifiques étudient la somme considérable de hasards et de circonstances particulières qu’il a fallu réunir pour que l’homme apparaisse sur Terre, plus la probabilité qu’une espèce un peu semblable à la nôtre existe à proximité de nous, au même moment que nous — et nous ait repérés, qui plus est — s’amenuise. Les Terriens vivent sur Terre parce que la Terre les a façonnés. N’oublions pas pas que si un astéroïde n’avait pas fait disparaître les dinosaures il y a 65 millions d’années, nous ne serions pas là ! L’existence d’un humanoïde comme aboutissement suprême de l’Évolution n’est plus considéré comme inéluctable. Aucune chance donc que des extraterrestres nous ressemblent, sauf si leur planète ressemble en tous points à la nôtre et surtout a eu la même histoire, ce qui, statistiquement, est très peu probable...
Frank Drake a lancé en 1960 le programme SETI qui écoute le ciel en permanence à la recherche de signaux venus de civilisations extraterrestres et, pour l’instant, il n’a rien entendu... [8] De temps en temps, le SETI fait état de signaux intrigants venus du cosmos, mais l’on se demande s’il ne s’agit pas surtout de relancer la récolte de fonds pour poursuivre le programme [9] ! C’est pourquoi les scientifiques ont toujours été réticents à l’idée d’une origine extraterrestre des OVNIS — sans pour autant l’exclure totalement, bien sûr.
Dès 1950, Enrico Fermi, un physicien italien, s’est posé la question suivante : « S’il existe des extraterrestres, où sont-ils donc ? ». Deux types de réponses ont pu être apportées pour résoudre ce fameux « paradoxe » : il existe des extraterrestres mais soit ils ne bougent pas de chez eux, soit ils ne sont pas encore venus nous voir, parce qu’ils ne nous ont pas repérés, ou parce qu’ils sont trop loin, soit il n’existe tout simplement pas de civilisation extraterrestre comparable à la nôtre dans l’Univers. Je ne reviendrai pas en détail sur cette question que j’ai déjà abordée dans un précédent article [10].
Mais l’hypothèse extraterrestre est un joli filon. Non seulement elle fournit un nombre considérable de scénarios de fictions mais elle a vu naître aussi quantité de théories dont la plus connue est celle développée par Erick Von Däniken, la théorie dite des Anciens Astronautes, selon laquelle, bien au contraire, les extraterrestres existent bel et bien et nous ont souvent rendu visite par le passé ; ils ont modelé nos civilisations et peut-être même notre génome [11]. Mais cette théorie ne s’appuie sur rien de scientifique. L’interrogation de Fermi est donc toujours d’actualité : où sont-ils ? S’ils existent, ils devraient être là. Mais alors qui sont ceux qui sont là ?
On nous dit rien, on nous cache tout
Les scientifiques se sont retrouvés devant des signaux contradictoires : d’un côté un voyage intergalactique, compte tenu des distances [12], paraissait assez difficile à envisager — et on doutait de plus en plus qu’il existât une autre forme d’intelligence comparable à la nôtre dans l’Univers — et de l’autre, on relatait régulièrement le passage dans le ciel d’engins spatiaux d’origine non humaine. Bizarre, bizarre.
Bien sûr, les passionnés d’ufologie, convaincus que ce qu’ils voyaient dans le ciel étaient bien des engins pilotés par des extraterrestres, pensèrent que les gouvernements et les scientifiques nous cachaient la vérité : il existait bel et bien des extraterrestres, mais on ne voulait pas nous l’avouer. En fait les autorités ne savaient pas trop quoi penser de ces phénomènes. Comme les scientifiques leur disaient que les extraterrestres n’existaient pas, qu’étaient donc ces engins qui volaient au-dessus de nos têtes ? Les armées du monde entier se posaient bien sûr la question car il en allait de la sécurité des populations. Ces OVNIS présentaient-ils une menace sérieuse ? À quoi avions-nous affaire ? D’où l’idée d’embrouiller tout le monde avec des informations contradictoires, des manipulations, la multiplication d’organismes de collecte de témoignages... en attendant d’en savoir un peu plus sur un phénomène qui échappait à notre entendement...
Des prouesses inouïes
Il y avait en effet de quoi être inquiet car les engins décrits par les témoins exécutaient des prouesses technologiques qui surpassaient largement les nôtres. En cas d’attaque, nous n’aurions pas fait le poids ! Luis Elizando, un ancien employé du Bureau du Sous-secrétaire à la Défense pour le Renseignement et un ancien agent spécial du contre-espionnage de l’armée américaine, auteur d’une série télévisée « Ovni : les dossiers déclassifiés américains », a dressé la liste de cinq comportements étonnants (cinq « observables ») qui signent la présence probable d’un OVNI [13] :
1. Accélération soudaine et instantanée
Les objets se déplacent à des vitesses époustouflantes, avec des accélérations incroyables. Au point qu’on se demande de quoi sont faits les « pilotes » à l’intérieur pour supporter une telle force g ! En outre ils sont capables de tourner brusquement à angle droit et de disparaître en un éclair.
2. Vitesses hypersoniques sans signatures
Ces objets qui volent à des vitesses hypersoniques ne font pourtant aucun bruit, style « mur du son » ; ils ne dégagent aucune chaleur.
3. Faibles observabilités
Luis Elizando note que les objets ne sont pas facilement observables. Les descriptions ne sont jamais précises. Les images sur les radars ou sur les photographies et films ne sont pas nettes. Il n’existe aucune « belle » photo d’un engin, encore moins un joli portrait d’extraterrestre. Bizarre.
4. Déplacement Transmédia
Les OVNIS peuvent facilement passer d’un environnement à l’autre : ils volent dans le ciel puis plongent dans l’eau, sans provoquer la moindre éclaboussure.
5. Auto portance
Le objets semblent échapper à la gravité. Ils n’ont pas d’ailes, pas de moteurs, et ils évoluent dans un silence total.
À ces observations, on pourrait ajouter qu’ils sont capables de changer de taille, de grossir ou de rapetisser comme ça leur chante, et même de se scinder en deux, chaque partie s’éloignant dans une direction différente, puis de se reconstituer !
Comment réalisent-ils ces exploits ? Certains scientifiques pensent que les « extraterrestres » ont réussi à maîtriser des lois physiques dont nous sommes encore esclaves. On parle d’antigravité, de téléportation, etc. Nos recherches sur ces sujets — qui ont déjà commencé — nous permettront sans doute un jour d’égaler ces performances ahurissantes. On peut toujours rêver ! Dans l’immédiat, les « extraterrestres » nous humilient, nous ridiculisent. Et on comprend que ceux qui s’intéressent au phénomène les considèrent comme des dieux ! Des voix s’élèvent malgré tout pour avancer l’idée que les « extraterrestres » ne sont pas plus avancés que nous... Simplement ils n’obéissent pas aux mêmes lois physiques que nous. Beaucoup de spécialistes pensent que tous nos efforts ne nous permettront jamais d’accomplir des prouesses semblables aux leurs. Nous ne jouons pas dans la même cour. Nous ne vivons pas en fait dans la même dimension...
Des êtres aux apparences multiples
Mais durant toutes ces années, les OVNIS ne se sont pas contentés de nous survoler. Ils ont aussi atterri et noué des contacts avec des Terriens. Ils en auraient même enlevés certains. Et là, ça se complique vraiment. Car les descriptions des extraterrestres faites par les témoins sont très variées. On trouve naturellement le fameux « petit homme vert » avec le crâne allongé et les grands yeux en amandes, mais aussi toutes sortes d’êtres surnaturels, des grands Noirs, des petits gros, des verts, des gris, des translucides, etc... tous parlant parfaitement nos langues, s’adaptant sans problème à la gravité terrestre et respirant notre air les doigts dans le nez, si j’ose dire.
Là, on s’interroge. Qu’une civilisation extraterrestre ait réussi à vaincre tous les obstacles et ait atterri sur Terre, à la limite, pourquoi pas ? Mais si les voyageurs que l’on voit sont très différents les uns des autres — comme leurs engins, d’ailleurs — alors, ce n’est pas une mais dix, quinze, vingt, cent planètes qui ont débarqué chez nous ! Il y a quelque chose qui ne va pas. Pourquoi la Terre serait-elle devenue le rendez-vous de toutes les civilisations de la galaxie ! Etrange.
Même chose pour leurs engins, les témoins décrivent une grande variété de formes : soucoupes, triangles, cigares, toupies, bonbons « Tic-Tac », etc. Un vrai cabinet de curiosités ! L’inventivité des ingénieurs extraterrestres semble sans limite !
Une autre hypothèse
Récapitulons : la faible probabilité de l’existence d’une civilisation extraterrestre à proximité de la terre ; les prouesses techniques non conformes à notre physique ; la multiplicité de l’apparence des pseudos-extraterrestres ; une grande diversité d’engins ; tous ces éléments ont peu à peu conduit certains observateurs du phénomène à penser que les OVNIS vus dans le ciel n’étaient sans doute pas d’origine extraterrestre. C’était évidemment très déstabilisant, mais il fallait se rendre à l’évidence, si dérangeante fût-elle ! Mais alors si ces objets n’étaient ni des créations humaines ni des engins extraterrestres qu’étaient-ils donc ?
En fait, la question s’est posée très tôt.
J’ai dit dans un article précédent que Jacques Vallée, l’informaticien et astronome français bien connu, qui a consacré sa vie au phénomène OVNI et a publié de nombreux ouvrages qui font autorité sur le sujet [14], s’était interrogé quand il avait découvert qu’au XIXè siècle, certains témoins avaient vu « voler » dans le ciel des trains ! Il lui avait alors semblé que ces apparitions dans le ciel avaient existé de tout temps et s’étaient manifestées sous une apparence qui était fonction de l’avancée technologique de la société. C’était très troublant car cela signifiait que le phénomène des OVNIS était à cheval entre deux réalités, entre le physique et le mental. Il y avait bien quelque chose, une manifestation physique — enregistrée d’ailleurs par les radars, nos appareils photos et nos caméras — mais la forme de cette manifestation dépendait de ce que nous avions dans la tête comme représentation des moyens de transport. Du coup, on pouvait penser que les chars volants vus dans l’antiquité étaient aussi des OVNIS ! Et cela bien avant la création de la CIA !
Des objets volants ont ainsi été aperçus au Far-West pendant près d’un an, entre 1896 et 1897, des sortes de cigares proches de nos dirigeables. Sauf que les dirigeables existaient déjà en Europe mais pas aux États-Unis ! Et tout cela se passait bien avant l’invention de l’avion [15].
Dans son livre « Un mythe moderne », Carl Gustav Jung arrive à la conclusion que les OVNIS, bien qu’étant des objets évidemment physiques, puisqu’ils apparaissent sur les radars et la pellicule de nos appareils photos et de nos caméras, et laissent des traces au sol, ont malgré tout une dimension psychique très marquée, et cette idée — on le comprend — le dérange un peu. Lui qui est un grand spécialiste des mythes et des symboles, il ne peut pas s’empêcher de retrouver dans les OVNIS des représentations qu’il a coutume de voir dans les récits mythologiques anciens et dans les rêves de ses patients. Il voit notamment dans la forme de ces objets des symboles sexuels : le disque des « soucoupes volantes » est un symbole féminin, et le cigare, un symbole masculin. Pour lui, plus largement, le phénomène OVNIS semble l’expression d’une « totalité ». Car le disque lui fait aussi penser aux mandalas, ces grands cercles dessinés par les Asiatiques et qui sont censés représenter la plénitude de l’être.
Des similitudes troublantes
En fin connaisseur des mythes, Jung n’a pas manqué de remarquer la troublante similitude entre les formes des OVNIS et les symboles de la Totalité représentés par le mandala. Les cercles de culture, qu’on attribue aussi aux extraterrestres, reprennent ces motifs circulaires. Ces similitudes laissent à penser que les OVNIS sont plus sortis de notre esprit que d’une usine d’engins spatiaux [16].
Ainsi Jung en arrive à la conviction que les OVNIS sont une projection dans le ciel de contenus de notre psychisme, et en particulier de l’inconscient collectif. L’inconscient collectif est une notion qu’il a été le premier à développer en profondeur.
Freud, son maître, avait mis en évidence l’existence d’un inconscient personnel, qui était vide à la naissance et se remplissait au fil de la vie avec les contenus que l’individu refoulait car inconvenants, essentiellement des contenus de nature sexuelle. Par tous les moyens, ces contenus cherchaient ensuite à se faire reconnaître par la conscience et provoquaient des actes manqués, des lapsus, etc. et bien sûr des rêves.
Jung, lui, considère que l’inconscient n’est pas vide à la naissance. Pour lui, chaque individu a certes un inconscient personnel, mais il est relié aux autres individus par des couches successives d’inconscient collectif : l’inconscient familial qui relie tous les membres d’une même famille, l’inconscient d’un clan, d’une nation, qui relie tous les membres d’un même groupe, et plus bas, comme socle de notre esprit, l’inconscient collectif humain, qui relie tous les humains. Plus profondément encore, on trouve l’inconscient collectif archaïque qu’on connaît mal.
Le phénomène OVNI serait-il une expression de l’inconscient collectif ?
Pour Jung, notre psychisme se décompose en deux grandes parties :
une partie consciente, qui est essentiellement composée de notre Moi.
une partie inconsciente, qui, elle-même, se décompose en plusieurs « strates ».
La première strate, qui n’appartient qu’à nous, est l’inconscient personnel. La seconde strate nous relie aux membres de notre famille. Les problèmes qui affectent un membre de notre famille nous affectent sans que l’on en soit toujours conscient. La troisième strate nous relie à un groupe, ce peut être un clan, une association, un pays... La quatrième strate nous relie à tous les êtres humains, c’est l’inconscient collectif au sens large. Enfin, tout au fond de notre psychisme, il y a une cinquième strate qui nous relie à toute chose vivante, c’est l’inconscient archaïque.
L’inconscient collectif est en quelque sorte « l’âme humaine », et le phénomène OVNI serait un message envoyé par cet inconscient pour alerter le conscient humain des dérives de la civilisation, comme les rêves sont des messages que notre inconscient personnel nous envoie pour nous alerter des déséquilibres de notre vie consciente.
Comment s’effectue cette liaison entre les psychismes des individus ? Mystère. Jung ne le dit pas, et ne le sait sans doute pas ! Mais il pose (et c’est une grande nouveauté), que nos esprits ne sont pas séparés les uns des autres et que nous sommes tous « connectés ». Jung ne peut donc pas s’empêcher de voir dans les OVNIS, une projection extérieure de contenus venant directement de l’inconscient collectif humain. Mais il bute sur un problème : comment un objet (en l’occurrence un OVNI), peut-il être à la fois physique et mental ?
Pourtant, comme les initiés asiatiques, il est persuadé de la profonde union du physique et du mental. Il pense que ces deux réalités que nous opposons sont en fait l’expression d’une seule et même réalité qui nous échappe. De fait, nous connaissons les objets physiques, nous connaissons les objets mentaux (les pensées, les imaginations, les rêves), mais nous n’avons jamais observé d’objet ayant la double nature.
Jamais ? Les OVNIS seraient-ils justement de cette sorte ?
On a vu que les OVNIS défient les lois de notre physique. Effectivement, comme « objet-pensée », ils se moquent de la physique. Ils vivent hors du temps et de l’espace et s’affranchissent de toutes les règles du monde concret, comme le fait d’ailleurs la physique quantique.
Ensuite, ces objets seraient capables de mimétisme. Leur forme serait fonction de notre imaginaire : chars dans l’antiquité, trains ou bateaux au XIXe siècle, triangles, cigares ou soucoupes aujourd’hui. Et les « extraterrestres » rencontrés par les témoins seraient aussi d’une forme incertaine qui est fonction de la personne qui se trouve devant eux. Cela expliquerait la multiplicité des apparences des « extraterrestres ». Cette diversité serait fonction de la culture de chaque témoin.
Enfin — et j’allais dire surtout — le rôle de ces « extraterrestres » ne serait ni de nous envahir ni de nous exterminer, encore moins de nous réduire en esclavage. Cela serait fait depuis longtemps ! Mais alors, quel serait leur rôle ?
Une autre dimension
Dans plusieurs articles précédents [17], j’ai exposé l’idée que les OVNIS existaient en fait pour moi dans une autre dimension qui interférerait avec la nôtre de temps en temps. J’ai comparé le phénomène des OVNIS à celui... des fantômes. Il m’est en effet arrivé d’assister à des séances de médiumnité collective où des voyants accueillent des morts qui ont des messages à transmettre à leur famille.
Une séance dans un gymnase m’a particulièrement marqué. Les médiums étaient installés sur une estrade derrière une table. Le public était assis devant, sur des chaises de part et d’autre d’une allée centrale où les morts se présentaient. Pas d’ambiance paranormale. Non, tout se déroulait sous la lumière blafarde d’un gymnase municipal !
Les médiums voyaient des personnes décédées se présenter vêtues de façon à ce qu’un membre de leur famille présent puisse aisément les reconnaître [18].
J’ai trouvé qu’il y avait des points communs entre ces séances de médiumnité et les OVNIS. Dans les deux cas, nous avons des entités (d’un côté les morts, de l’autre les « extraterrestres ») qui vivent dans des réalités autres que la nôtre et qui se manifestent à nous, passent dans notre réalité, en adoptant une apparence qui nous est familière. Le mort ne « vit » pas dans la tenue où il se présente dans le gymnase, il adopte une apparence qui va être pertinente pour le membre de sa famille. De même, la chose qui est dans le ciel n’existe pas sous forme de cigare, de triangle ou de soucoupe, mais c’est une forme qu’elle sait facilement identifiable par les témoins, compte tenu de leurs références culturelles.
La comparaison entre les OVNIS et le monde des morts n’est pas si surprenante, certains témoins de rencontres de 3e type, ont quand même vu sortir du vaisseau spatial, parmi les « extraterrestres », un de leurs parents décédés ! C’est dire que le phénomène OVNI a une composante « paranormale » très marquée, et nous fait entrer dans une dimension qui n’est pas très éloignée de celle que les médiums connaissent bien et avec laquelle ils nous mettent en contact : l’au-delà. L’au-delà de quoi ? L’au-delà de notre réalité.
L’âme humaine nous parle
Pour Jung, les OVNIS sont la manifestation d’un archétype de l’inconscient collectif. Un archétype c’est au fond une trame, une matrice qui est vide de contenu mais qui peut être « remplie » par de nouveaux contenus, selon les individus, les époques, les circonstances, etc. Ainsi, il existe de nombreux archétypes : l’anima, l’animus, la persona, l’ombre, le héros. Ce sont des « matrices » qui s’agitent dans les tréfonds de notre psychisme et que nous pouvons rencontrer dans le réel. Ainsi, l’homme tombe amoureux d’une femme qui est la projection de son anima. La femme tombe amoureuse d’un homme qui est une projection de son animus. La persona règle notre comportement social, notre « apparence ». Nous nous confrontons à un ennemi extérieur qui est une projection de notre ombre.
Quant à l’archétype du héros, il fournit un scénario aux fictions depuis l’apparition de l’écriture (et avant aussi à coup sûr) ! L’archétype ne décrit pas un héros en particulier. Il décrit une sorte de « fiche signalétique » et de scénario que tous les héros vont suivre à la lettre. C’est pour cette raison qu’ils se ressemblent tous. Joseph Campbell a d’ailleurs magnifiquement illustré cet archétype dans son livre « Les héros sont éternels » qui montrent que les héros, quels que soient leur pays, leur époque, leur mission, sont tous bâtis sur le même modèle, ils sont tous conformes à la même « matrice » comme on dit aujourd’hui. C’est l’avantage de l’archétype. Il n’a pas de contenu spécifique, il peut donc s’adapter à toutes les époques, il se prête à toutes les incarnations, mais pour nous émouvoir, nous toucher, il doit se conformer à la trame de l’archétype.
Les OVNIS seraient ainsi la projection d’un archétype particulier. Selon certains auteurs [19], cet archétype serait celui du « trickster », du « farceur », du « fou du roi ». Les auteurs remarquent en effet que les OVNIS jouent un peu avec nos nerfs. Ils se montrent beaucoup et en même temps, ils nous évitent. Ils nous cherchent, puis disparaissent derrière l’horizon. Ils nous provoquent, obligent les avions de chasse à les poursuivre, puis s’évanouissent d’un coup ! Ils sont visibles dans le ciel mais échappent un peu à nos appareils. Ils pratiquent à la fois l’ostentation et l’élusivité, l’esquive. Ce qui est la marque du farceur. Et bien sûr, comme tout bon farceur, ils manient l’art du déguisement : ils prennent telle forme un jour, telle autre un autre jour, ils se présentent à nous comme dans notre imaginaire collectif, en petit gris ou en grand Noir, ou en être translucide. Ils sont les rois du mimétisme et comme certains animaux pour échapper à leur proie, ils pratiquent le camouflage. Ils parlent notre langue ou une autre. Peu importe. Ils peuvent tout. Ils sont polymorphes.
Ils feraient ainsi partie de cette catégorie d’êtres qui sont en partie réels, en partie imaginaires ; en partie physiques, en partie immatériels. Dans nos sociétés modernes, on ne connaît pas ce genre de personnage. On existe ou on n’existe pas. On est réel ou pas. C’est parce que nous vivons en ville. Mais lorsque nous vivions plus proches de la nature et que nous fréquentions davantage les forêts, la frontière entre le matériel et l’immatériel, entre le concret et l’imaginaire, était plus floue. Les forets d’autrefois et les forêts sauvages actuelles sont peuplées d’entités, parfois animales, parfois humaines, dont on ne sait pas trop si elles sont réelles ou sorties de notre imagination, ou plutôt, dont on ne sait pas trop si elles appartiennent à notre réalité ou à une autre, parallèle, superposée, connectée.
Pour prendre un exemple proche de nous, il est possible que certaines des créatures qu’on dit avoir hanté la forêt de Brocéliande en Bretagne [20] appartiennent peut-être à cette catégorie courante à l’époque d’êtres à cheval entre deux mondes, notre monde concret et notre monde imaginaire, des êtres nés de nos peurs, mais bien capables de nous trucider « pour de vrai ».
Si l’esprit et la matière sont les deux faces d’une même chose dont nous ignorons tout, il est possible que certains êtres passent d’un statut à l’autre, tantôt réels, tantôt irréels, en se jouant du temps et de l’espace... et de notre patience !
Les OVNIS et les « êtres » qui vont avec seraient de cette nature incertaine, imprévisible, surprenante, urticante aussi, échappant à notre compréhension. Ils appartiendraient à une dimension de la réalité que notre société scientifique, qui n’étudie que la matière, ignore, une réalité à cheval entre le mental et le physique. On les voit à l’extérieur, dans le ciel, mais ils sortent de notre esprit, de notre esprit individuel dans le cas de rencontre rapprochée, ou de notre esprit collectif, dans le cas d’observations impliquant plusieurs témoins. Nous verrions dans le ciel quelque chose qui s’est formé dans notre inconscient collectif et qui est projeté devant nos yeux.
Bon. Pourquoi pas ? Effectivement, cela éclaircirait beaucoup de mystères, même si cela complique encore plus les choses !
OVNI et conscience
Le phénomène OVNI semble nous inviter à nous interroger sur ce qu’est la nature de la réalité. Ce que nous désignons sous ce terme et qui fonde notre quotidien peut être vu comme une création de notre conscience. Dans un article précédent [21] j’ai montré que notre conscience n’est sans doute pas un produit de notre cerveau mais qu’elle se situe ailleurs que dans notre boîte crânienne, sans doute au niveau quantique. La réalité dans laquelle nous vivons ne serait qu’une « version » parmi tant d’autres de l’organisation de la matière. Et les phénomènes paranormaux comme les apparitions de personnes décédées, les mouvements d’objets (poltergeist), tout comme les OVNIS, semblent nous montrer qu’il existe d’autres versions de la réalité, ou plutôt d’autres réalités, qui, de temps en temps, se télescopent et interagissent.
Tout porte à croire que nous « baignons » tous dans un océan unique de conscience, un océan qui crée la matière, la modèle et la structure. Il suffit de modifier la fréquence de vibration de cette conscience pour changer l’apparence du monde. Tous ceux qui ont expérimenté des états modifiés de conscience le savent bien. Le principe d’indétermination de Heisenberg [22] exprime bien cette idée que la matière, à la base, au niveau de l’infiniment petit, n’a pas une forme particulière et ce que l’observateur a dans la tête influe beaucoup sur la façon dont la matière va se présenter à lui.
À une époque où je pratiquais la méditation quotidiennement [23], le monde extérieur m’apparaissait très différemment. Il était soudain plus dense, plus chargé de sens. Je ne voyais plus seulement des objets devant moi, mais des messages. L’impression que j’avais alors est que le monde me « parlait ». Ce qui m’était apparu auparavant comme des « choses » se présentant devant moi un peu au hasard, chacune selon sa propre logique, prenait soudain sens. Mon environnement, « muet » habituellement, me paraissait alors chargé d’informations.
Autrefois, nous nous demandions comment la matière, le cerveau, avait été capable de générer la conscience. Et aujourd’hui, c’est l’inverse : nous nous demandons comment la conscience, qui semble à la source de toutes choses, a pu créer la matière. Et il est possible que le phénomène OVNIS soit là justement pour nous aider à comprendre cette surprenante transmutation.
Plus nous avançons dans la compréhension de la mécanique quantique, plus des phénomènes qui nous semblaient mystérieux, comme les OVNIS, nous apparaissent sous un jour nouveau. Certes, ils restent encore très mystérieux ! Mais au moins nous ne perdons plus notre temps à chercher dans la mauvaise direction...!
Les enlèvements par les « extraterrestres » (RR4) ou même les simples rencontres (RR3) ont en général une influence majeure sur la conscience des témoins. Certains sont même amenés à changer de vie. Il semble bien que par le biais de ce phénomène mystérieux, une « intelligence supérieure » qui, à défaut d’être celle d’individus venant d’une autre planète, est sans doute tout simplement la sagesse de l’âme du monde, tente d’influer sur notre comportement.
Ma lettre à Jacques Vallée
En 1995, je me passionne pour le phénomène OVNI. J’ai lu tous les livres de Jacques Vallée et il me vient une intuition : pour moi les visions des témoins sont le fruit d’un processus mental semblable au rêve. Je décide d’écrire à Jacques Vallée, via son éditeur, en résumant ma pensée. Voici un extrait de ma lettre :
Nous ne savons pas ce qu’est la réalité extérieure en elle-même ni quel rapport existe entre la façon dont la matière est organisée et le phénomène de la conscience qui perçoit cette organisation. Nous avons longtemps cru que notre conscience était une sorte de caméra braquée sur le monde et que la réalité était une danse de particules élémentaires aussi solides que vous et moi. Les découvertes de la physique quantique ont bouleversé cette conception, et les recherches sur le cerveau ont montré que nous n’assistons pas au spectacle de la réalité « en direct », comme si nous regardions la scène par le trou d’une serrure, mais qu’entre ce qui se passe et la conscience que nous en avons, s’intercale un traitement. Ce traitement est si rapide, si naturel et si peu fatigant que nous ne le soupçonnons pas. Nous n’avons pas conscience (c’est le cas de le dire) de l’existence d’une interface entre le monde et nous.
Pourtant, il y a un domaine où nous pouvons voir cette interface à l’œuvre, c’est celui des rêves. Les psychologues distinguent, vous le savez, le contenu manifeste du rêve et son contenu latent. Pour Jung, l’inconscient envoie un message à la conscience sous une forme qui ne nous est pas accessible directement (c’est le contenu latent). Le cerveau va alors puiser dans le réservoir des images réelles ce qui pourrait le mieux, symboliquement, exprimer ou illustrer ce que l’inconscient veut dire. Il organise ainsi des situations et met en scène des personnages, dans une suite d’actions — dans un scénario — dont les éléments ne doivent pas être pris au pied de la lettre, mais dans leur signification, leurs rapports symboliques (c’est le contenu manifeste). (...)
Selon Jung toujours, l’inconscient joue deux rôles essentiels par les rêves : il envoie à la conscience un message lorsqu’il considère que celle-ci penche trop dans un sens. Il intervient pour compenser l’unilatéralité de la conscience. On sait que tout l’univers créé est composé de paires d’opposés et qu’une dynamique interne vise à maintenir un équilibre permanent dans le mouvement. Il en va ainsi des phénomènes physiques comme des phénomènes mentaux [24].
L’autre rôle de l’inconscient est de pousser l’individu à la réalisation de lui-même. Le rêve ne se contente pas de compenser des excès de la conscience, il lui présente des contenus nouveaux, des messages, qui tendent à faire évoluer l’être vers une meilleure connaissance de lui-même. Mais cette connaissance n’est pas suffisante. Si l’individu ne concrétise pas les informations nouvelles, le même thème se répète dans les rêves jusqu’à ce qu’il réalise les intentions de l’inconscient.
La lecture de vos différents ouvrages m’a amené à considérer que le phénomène OVNI et les mécanismes du rêve présentent de nombreuses similitudes, au point qu’on peut se demander s’il n’existerait pas une sorte « d’inconscient du monde » qui, à l’image de l’inconscient individuel, nous enverrait des messages sous une forme inaccessible à notre conscience mais que le cerveau traiterait — comme il le fait dans les rêves — pour leur donner une forme perceptible.
Ceci ne veut pas dire que les témoins « rêvent » quelque chose qui n’existerait pas hors de leur cerveau. Ils assistent bien à quelque chose, mais ce quelque chose n’a qu’un rapport symbolique avec ce qu’ils décrivent. Autrement dit, les extraterrestres n’existent pas en tant que réalité individuelle et consciente. Ils ont le même statut que les personnages de nos rêves, lesquels n’ont aucune autonomie, ni aucune conscience du sens de l’action qu’ils réalisent. Ils sont les éléments d’une mise en scène que le cerveau élabore pour concrétiser une information purement abstraite à l’origine.
Cette hypothèse me paraît expliquer bien des aspects troublants des pseudo-voyageurs de l’espace. On leur prête une conscience, une volonté, une individualité qu’ils n’ont pas. Si leur comportement déroute, c’est sans doute qu’on cherche à le raccrocher à notre comportement d’êtres individuels. Les personnages des rêves font aussi de bien curieuses choses. Et il ne nous vient Jamais à l’idée de nous demander ce qu’ils nous veulent. Nous cherchons plutôt à comprendre ce que le rêve a voulu dire et non tel ou tel de ses personnages.
(...)
Le malaise que ressentent certains témoins d’OVNI pourrait s’expliquer ainsi par le fait que le cerveau est obligé d’appliquer à un phénomène extérieur ce qu’il a l’habitude d’opérer sur des phénomènes intérieurs (rêve).
Dans cette lettre, je m’efforçais de découvrir comment le monde immatériel pouvait donner « corps » à un objet concret. Il me semblait qu’il devait y avoir une « chose » intermédiaire, une sorte de vibration sans contenu mais avec un sens (l’archétype de Jung), qui était captée par notre esprit, et sur laquelle nous projetions un contenu, comme notre cerveau, dans les rêves, nous fournit des images à partir des idées maniées par l’inconscient. Cette énergie sans contenu devait quand même avoir suffisamment de force pour provoquer une modification de l’environnement réel (traces au sol, perturbations magnétiques, images sur les appareils photos ou vidéos, sur les radars...). Au fond, je me disais que nous comprendrions le phénomène OVNIS le jour où nous aurions compris les rêves. À quoi servent-ils ? Comment sont-ils créés ? Quel traitement est appliqué à quelle information pour obtenir les images qui parviennent à notre conscience ? Mais nous en sommes encore très loin !
La réponse de Jacques Vallée
Voici la réponse que Jacques Vallée m’a envoyée à la suite de ma lettre. Malheureusement, des mouvements sociaux ont perturbé l’automne 1995 et nous ne nous sommes pas rencontrés...
Si vous le souhaitez, voici l’intégralité de ma lettre à Jacques Vallée :
Tout cela pour nous dire quoi ?
Comme pour un rêve, il m’est apparu que les manifestations des OVNIS n’avaient pas de sens en elles-mêmes. Ce qui avait un sens, c’était le fait même que le phénomène existe. Dans ma lettre à Jacques Vallée, je poursuivais en écrivant ceci sur le message délivré par les OVNIS :
Je crois que le message contenu derrière la manifestation apparente est une explication sur l’origine du monde physique. Le phénomène OVNI nous raconte une histoire, toujours la même (jusqu’à tant qu’on la comprenne !) — l’histoire du passage (d’où l’image du vaisseau) d’une réalité à une autre par « déversement » : passage de l’invisible au visible, de l’« avant-le-monde » au monde physique, de l’inconscient au conscient. Se demander comment le monde physique est né de rien ou se demander comment la conscience est née de l’inconscient est peut-être la même question, à laquelle le phénomène OVNI nous invite à trouver la réponse — sans imaginer que les humanoïdes ont, eux, la réponse.
(...)
Le phénomène OVNI jouerait en permanence à la frontière du physique et du mental parce que, justement, nous avons trop tendance à séparer les deux aspects.
J’ai notamment été frappé par les récits d’avaries d’OVNIS qui provoquent des crachements de matière. En lisant ces récits, on ne peut s’empêcher de penser à des théories concernant l’origine du monde. On dit ainsi que le monde matériel serait né parce que des éléments spirituels se seraient aventurés dans des vibrations trop basses, ce qui aurait provoqué une sorte de « solidification » de la pensée. De nombreuses cosmogonies (dont la Genèse) racontent qu’à l’origine de notre monde et de notre pauvre condition d’humain (!) il y à une « chute », une « erreur », une « faute », un « péché originel », bref une « avarie ».
J’y vois comme une tentative désespérée de « l’inconscient du monde » pour nous expliquer symboliquement comment la matière est apparue. Ce ne sont bien sûr pas les extraterrestres qui l’ont amenée… mais il y a eu passage d’un état à un autre, déversement d’une dimension dans une autre — passage apparemment raté (ou indésirable) qu’il faudrait sans doute rectifier…
J’ai toujours eu l’intuition que le monde matériel et le monde mental fonctionnaient comme des vases communicants. Autrement dit, plus on donne d’importance à l’un, plus l’autre rétrécit. Ainsi le phénomène OVNI, loin de nous mettre en présence de voyageurs venus d’une autre planète dans on ne sait quelle intention, serait un phénomène « paranormal », créé par l’inconscient du monde pour nous inciter à prendre davantage en compte l’existence de l’immatériel et à ne pas accorder une importance excessive au monde physique. Pour l’intelligence supérieure qui guide ces engins, c’est-à-dire en fait, la sagesse profonde de l’âme humaine, le matériel semble beaucoup trop occuper nos esprits et par compensation, l’inconscient nous montre qu’il existe une autre dimension du réel que nous négligeons trop.
Les OVNIS seraient en fait la conséquence de la trop grande emprise du monde matériel sur la science. Celle-ci n’étudie et ne mesure que l’observable, donc le physique et rejette tout ce qui est en-dehors de sa capacité d’analyse. Elle dresse en fait des barrières tout autour de son savoir et fixe les limites de la réalité. Cela crée naturellement un déséquilibre dans notre connaissance du monde, car la réalité est plus vaste que le seul monde physique. D’où le phénomène OVNI.
Et comme il est un brin farceur, il se montre sous une apparence assez humiliante (des engins spatiaux aux prouesses inaccessibles pour nous humains). Une manière de nous dire que l’esprit est bien plus puissant que la matière... et mérite sans doute plus d’attention !
Ce n’est sans doute pas pour rien que la plupart les témoins qui ont été confrontés au phénomène OVNI ont ensuite consacré une part plus importante de leur vie à la spiritualité. J’avais d’ailleurs noté dans un premier article de ce blog sur le sujet des extraterrestres qu’on croisait fréquemment leur route quand on se tournait vers la spiritualité [25].
Le message serait donc de nous inciter à utiliser cette capacité de la matière à se dématérialiser en élevant nos vibrations, en donnant plus d’importance aux aspects spirituels, en ne mettant pas autant d’énergie à développer des technologies dites « de pointe » qui, comparées aux prouesses dont est capable l’esprit en termes de bien-être et même de bonheur, sont assez dérisoires. Oublions la voiture autonome (entre autres) et cultivons notre sagesse. Bien sûr, les gains financiers seront moindres, mais il semble bien que c’est l’avenir même de notre espèce qui est en jeu.
La célèbre phrase d’André Malraux me revient en mémoire : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas » [26]. À la lumière de ce qui vient d’être dit, le phénomène OVNI nous avertit sans doute que nous courons à notre perte, nous Occidentaux, si nous négligeons trop la dimension spirituelle de l’homme.
Ainsi la réflexion actuelle sur le phénomène OVNI nous amène à abandonner l’origine extraterrestre des engins qui apparaissent dans le ciel. Certes, un peu partout dans le monde, les autorités continuent à entretenir dans l’esprit du public l’idée de visiteurs venus d’une autre planète. Le problème est que l’origine psychologique du phénomène est trop déroutante et il vaut mieux maintenir les populations dans une interprétation plus simpliste. D’autant que le message porté par ces phénomènes, autrement dit par l’inconscient du monde, veut nous inciter à compenser notre trop grand matérialisme. Les puissances économiques n’ont pas vraiment envie que ce genre de message se diffuse... Pourtant, ce qu’exprime le phénomène OVNI n’est pas une simple position philosophique, un conseil amical, mais bien plutôt un impératif de survie de l’humanité.
Comment dit-on « À bon entendeur, salut ! » en extraterrestre ?