Psychologie
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11
2024

La violence pour langage

Enquête sur les origines de la violence humaine
TAGS : Adolescence | Agressivité | Agriculture | Animaux | Arts Martiaux | Banlieue | Boxe | Civilisation | Consommation | Délinquance | Emotions | Enfance | Évolution | Instinct | Justice | Mal | Mort | Préhistoire | Violence
Publié le : 20 novembre 2024 - Modifié le : 21 novembre 2024

La multiplication des actes délictuels accomplis par des auteurs de plus en plus jeunes nous amène à nous interroger sur la violence humaine. Elle compromet de plus en plus notre « vivre ensemble » et, de proche en proche, pourrait bien compromettre l’avenir de l’humanité en provoquant un embrasement total de nos sociétés. Outre les « rixes inter-quartiers » dont j’ai parlé dans un article récent (Des adolescents à couteaux tirés), on assiste en effet à une recrudescence d’atteintes aux biens et aux personnes : féminicides, règlements de compte liés à la drogue, meurtres de professeurs, menaces à l’encontre d’élus, émeutes urbaines, etc. D’une manière générale, l’atmosphère sociale semble s’être tendue. Des flots de haine se déversent sur les réseaux sociaux, la moindre altercation tourne vite au pugilat. Comment expliquer une telle évolution de nos sociétés modernes ?

Ange ou démon ?

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On s’interroge depuis longtemps sur la nature profonde de l’être humain. Est-il un gentil qui peut devenir méchant s’il le faut ou un méchant qui s’efforce de passer pour un gentil ? Est-il colombe ou faucon ? Ange ou démon ? Au moment où la guerre frappe de nouveau aux portes de l’Europe, où le conflit israélo-palestinien s’envenime, au moment aussi où les cas de féminicides se multiplient, on peut se demander si l’homme n’est pas une brute épaisse qui, malgré des millénaires de civilisation et les appels à l’amour du prochain lancés par toutes les religions, continue de bomber le torse, de montrer ses muscles, de donner des coups de menton... et de poing. L’homme serait-il un incurable violent ?

Je me posais cette question quand j’ai entendu dans un débat télévisé un éminent anthropologue dont je n’ai malheureusement pas noté le nom, déclarer qu’il ne fallait pas s’étonner que l’homme soit violent. Car, selon lui, si nous sommes là, c’est grâce aux plus violents de nos ancêtres, lesquels ont su surmonter tous les dangers qui menaçaient notre espèce. Les gentils, les frêles, les « anges », eux, n’ont pas eu de descendance… ! Pour ce chercheur, l’être humain devrait sa survie à sa capacité à être un monstre, à être pire que la pire des bêtes, à mettre en œuvre les plus atroces perversions.

Autant dire qu’au fond de lui-même, l’homme est une horreur absolue ! Il n’aurait pas été corrompu par la civilisation, il aurait été un tueur dès le début [1]. Sinon, nous ne serions pas là pour en parler. Les autres animaux, mieux dotés que nous en armes de destruction massive, auraient vite eu raison de notre fragile espèce.

Oui, l’homme a sans doute toujours été un sale type. Nous sommes donc tous les descendants des plus violents de nos ancêtres. Les plus sordides perversions qui nourrissent les faits-divers ne seraient pas des déviations accidentelles, conjoncturelles, de notre nature, comme on le croit généralement, mais le fond de la psychologie humaine, fond que l’on s’efforcerait de domestiquer au prix d’un effort permanent de contrôle de nos impulsions primaires — impulsions héritées des plus impitoyables des hommes qui nous ont précédés dans l’Évolution. On expliquerait ainsi que les pires criminels ressemblent souvent à Monsieur Tout le monde, et passent inaperçus parfois pendant des décennies. « L’ombre » de Jung, cet archétype qui, selon lui, incarne dans notre inconscient la noirceur de notre âme, ne serait pas une coquille vide à la naissance qui se remplit au fil du temps avec les horreurs que nous n’assumons pas, mais elle serait là dès notre naissance, faisant en quelque sorte partie de l’inconscient collectif, le réservoir des traits communs à tous les hommes. Dur !

Les chasseurs-cueilleurs préhistoriques semblaient pacifiques et ne recouraient à la violence que pour des motivations alimentaires.

Mais selon d’autres chercheurs, les traces archéologiques qu’ont laissées les hommes préhistoriques ne prouvent pas que notre ancêtre chasseur-cueilleur était violent avec ses congénères. Il semblait plutôt être dans la collaboration pacifique. On n’a pas trouvé de charniers, très peu de squelettes d’individus ayant subi des traumatismes dûs à des coups ou à des armes. Au contraire on a découvert des ossements de handicapés âgés, ce qui prouve que nos ancêtres prenaient soin les uns des autres. Les études sur l’histoire de l’humanité montrent qu’effectivement Homo Sapiens, à chaque fois qu’il a été en contact avec d’autres espèces d’hominidés, comme Néandertal en Judée ou Homo Erectus en Asie, s’est mélangé avec elles. On a longtemps pensé qu’Homo Sapiens avait exterminé Néandertal mais on s’est rendu compte qu’il n’en était rien, qu’une partie de notre patrimoine génétique venait même de lui ! Il y a donc des femmes « Sapiens » qui ont trouvé du charme aux mâles « Néandertal » et des mâles « Sapiens » qui ont trouvé du charme aux femmes « Néandertal ». Idem avec Homo Erectus. Et pourtant ces hominidés sont considérés comme plus primitifs qu’Homo Sapiens mais visiblement, cela ne l’a pas gêné. Donc, Homo Sapiens n’était pas cet assoiffé de sang qui aurait anéanti toutes les espèces qui ne lui ressemblaient pas. Au contraire, le mélange lui a apporté beaucoup, la composition de notre patrimoine génétique le prouve. Nous avons pris le meilleur de chaque espèce.

Au Néolithique, l’homme se sédentarise et crée l’agriculture. La préservation des territoires et des ressources va le rendre violent.

En fait, les chercheurs pensent que l’homme est devenu violent à partir du Néolithique, entre 6.000 et 2.000 ans avant notre ère, avec la mise en place de l’agriculture. La production étant souvent supérieure aux besoins du village, il a fallu faire des stocks, et les protéger des convoitises. Des individus se sont appropriés des parcelles de terre et il leur a fallu défendre leur territoire ! « Ici, c’est chez moi ! ». Il leur a fallu aussi trouver de la main-d’œuvre bon marché pour les travaux des champs, et le plus simple a été de faire la guerre au voisin pour réduire en esclavage les populations vaincues. En résumé, selon ces chercheurs, l’homme serait devenu violent quand il s’est sédentarisé et a troqué ses habits de chasseur-cueilleur pacifique pour ceux d’agriculteur défendant bec et ongles sa production et ses propriétés. C’est au fond la civilisation qui aurait rendu l’homme violent ! Quel paradoxe !

Au Néolithique, avec l’agriculture, l’homme, qui était déjà une espèce sociale, est devenu une espèce territoriale et les chercheurs [2] observent que la violence est accrue chez les espèces qui, comme l’homme, ont ces deux caractéristiques. Avec la civilisation naissent les guerres — de conquête ou de défense du territoire — et les inégalités sociales. Ainsi, le pacifique chasseur-cueilleur se serait mué en un impitoyable guerrier sanguinaire.

Il est à noter qu’un chercheur, Alain Testart, dans son livre « Les chasseurs-cueilleurs ou L’origine des inégalités » [3], défend l’idée que les chasseurs-cueilleurs, bien avant la naissance de l’agriculture, se sont sédentarisés et ont créé des sociétés hiérarchisées, avec stockage de ressources. Il est donc possible que la violence humaine liée aux inégalités sociales soit née avant le Néolithique, avant l’agriculture, et qu’elle ait été aussi présente chez les chasseurs-cueilleurs, du moins les plus sédentaires.

Au fil des millénaires, la violence pure, celle qui conduit à la mort de l’autre, n’a cessé de croître pour atteindre un maximum au Moyen Âge. Mais à partir du 17e siècle, les États ont cherché à endiguer la violence civile, en la contrôlant grâce à une police et en la transformant, grâce à la guerre et les conflits armés, en une violence légale. Ainsi, peu à peu, la violence entre personnes a considérablement évolué pour atteindre les taux très bas que nous connaissons aujourd’hui.

C’est au Moyen Âge que la violence a atteint son paroxysme.

Si la sédentarisation de l’homme, l’agriculture, puis les civilisations, ont si facilement fait émerger chez l’homme une telle violence, c’est sans doute qu’elle a toujours été là, dès le début de l’humanité, sauf que les conditions de vie du gentil chasseur-cueilleur l’ont en quelque sorte « ensommeillée ». Tapie dans l’ombre, elle attendait son heure. Peut-on imaginer que l’homme devienne soudainement violent sans avoir eu de prédisposition ?

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? La violence entre individus conduisant à la mort de l’un d’entre eux a reculé par rapport à ces époques anciennes. L’après-guerre avec ses « trente glorieuses » a été une période plutôt calme. Et puis, depuis peu, on assiste à un regain de violence. Les mobiles de ces actes violents ont changé. Les facteurs sociaux et économiques semblent peu à peu prendre le dessus et pousser les individus à des comportements agressifs.

Certains membres de la société se sentent humiliés, victimes de déclassement, d’exclusion ; ils ressentent une souffrance psychologique qu’il ne faut pas négliger car, selon les spécialistes, elle implique les mêmes circuits neuronaux que la souffrance physique ! C’est donc dans leur chair que ces individus ressentent leurs frustrations. D’où l’usage de la violence pour dire sa détresse face à un monde qui semble avancer sans eux. La violence devient le langage de ceux à qui on ne donne pas la parole.

Le modèle consumériste actuel génère une violence à l’échelle planétaire [4].

Signe de ces temps nouveaux, les séries policières rencontrent un énorme succès. Les films deviennent de plus en plus violents grâce au développement d’effets spéciaux très spectaculaires ! Les jeux vidéos guerriers s’arrachent comme des petits pains.

Une série policière à succès de la télévision française.

Tranquillement installés sur leur canapé devant leur écran, ou allongés sur leur lit, nos adolescents trucident leurs ennemis à tour de bras. Nous assistons tous les soirs, à un nombre impressionnant de meurtres, et nous nous délectons de ce spectacle. Bien sûr, nous nous rassurons en pensant que nous regardons le spectacle du Bien (le policier) triomphant du Mal (le meurtrier), mais est-ce la seule raison qui nous pousse à apprécier la mise en scène de nos instincts les plus violents ?

En tout cas, certains adolescents ne se contentent pas de la violence sur les écrans, ils veulent la vivre en vrai. Il y a ceux, dont j’ai parlé dans un article précédent sur les rixes inter-quartiers (Des adolescents à couteaux tirés), qui vont en bande tuer leur voisin. Et il y a ceux, à première vue plus pacifiques, qui se tournent vers le sport...

En effet, l’une des solutions qui a permis de diminuer la violence mortelle entre les individus a été de la détourner vers des activités de défoulement comme la boxe. Alors, je me dis que si je veux comprendre un peu mieux la violence humaine, il peut être intéressant d’examiner de près ce sport. J’aurais sans doute un début de réponse à ma question : l’homme est-il conçu physiquement pour être violent ? L’était-il dès le début ou a-t-il développé cet outil au fil du temps ?

Le charme fou des tueurs en série

On s’étonne parfois de la fascination que les tueurs en série provoquent en nous. Il y a même des femmes qui éprouvent pour eux un amour inconsidéré. Certaines les ont épousés et sont devenues leurs complices, comme Monique Olivier, la femme damnée du violeur et tueur de jeunes filles Michel Fourniret ; il y en a même qui entretiennent des correspondances amoureuses avec certains détenus célèbres incarcérés : Francis Heaulme, Guy Georges, Patrice Alègre.

Monique Olivier, l’épouse de Michel Fourniret, le tueur en série.

Cette attirance pour les monstres a même un nom, l’hybristophilie. Car ce qui s’attache à cette attirance pour le tueur, ce n’est pas tellement la violence, c’est le pouvoir, le pouvoir de vie ou de mort. Ces femmes voient dans les tueurs en série des hommes puissants, presque des dieux, qui ont droit de vie ou de mort — de mort en l’occurrence — sur leurs victimes. Être le plus violent, c’est être le plus puissant. Et cette idée est inscrite au plus profond de nous. Sans doute depuis des millénaires. Et elle séduit les femmes, qui longtemps ont cherché la protection des hommes. Choisir un partenaire violent, c’était sans doute autrefois l’assurance d’une certaine sécurité. C’est la raison (l’une des raisons en tout cas) pour laquelle tant de femmes battues, violentées, humiliées par leurs maris, restent avec eux et ne les dénoncent pas.

Avant d’être une assurance-mort, la violence est une assurance-vie, une assurance survie.

Une boxe, des boxes

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Le terme de « boxe » s’applique à une gamme de pratiques qui diffèrent d’une époque à l’autre, d’une région du monde à l’autre. Mais le principe est toujours le même : utiliser son corps comme une arme pour venir à bout... d’un autre homme.

Qu’il utilise seulement ses poings comme en boxe anglaise, ou ses poings et ses pieds, comme en boxe française et dans les boxes dites « pieds-poings » comme le full-contact américain ou le kick-boxing japonais, avec même l’appui de ses coudes et de ses genoux comme en muay thaï, l’art martial thaïlandais, le boxeur cherche avant tout à provoquer un K.-O., un « knock-out », une mise hors de combat, provisoire... ou définitive. Tout boxeur normalement constitué ne souhaite pas passer une éternité sur le ring à recevoir des coups, il essaie donc d’abréger l’échange et cherche le K.-O.

Cette volonté d’abréger le combat montre que la boxe n’est pas à proprement parler un « sport », au sens ludique du terme. D’ailleurs, si on joue au football ou au rugby, on ne joue pas à la boxe. Les footballeurs n’ont pas l’idée d’arrêter le match avant l’heure. Et lorsque l’arbitre siffle la fin de la partie, ils sont déçus (sauf si le sifflet vient mettre un terme à un suspens insoutenable...!).

Non, la boxe n’est pas un jeu. C’est en se civilisant qu’elle est devenue un sport. Mais ce fut long et difficile.

Une pratique très ancienne

Des premières formes de pugilat dans l’Antiquité.

L’idée de frapper un adversaire avec ses poings ne date pas d’hier. On trouve à Sumer, entre -3.500 ans et -1.500 ans, des tablettes représentant des lutteurs et des boxeurs face à face. Cela pourrait confirmer l’idée que la violence de l’homme remonte à la naissance des civilisations. Seulement voilà, il semble que l’homme a appris à jouer des poings bien avant !

Dans un précédent article de mon blog (Nous descendons tous d’homo rockybalboabilis) j’ai eu l’occasion de rapporter les travaux d’un biologiste américain, David Carrier, de l’université d’Utah. Dans une publication récente du Telegraph il affirmait que des millions d’années de bagarres ont modifié le visage humain. Pour se protéger des dommages créés par les altercations entre congénères, la mâchoire des hommes (et seulement celle des hommes) s’est fortifiée dans les zones susceptibles de recevoir des coups. Le scientifique expliquait ainsi que les mâchoires des hommes sont plus robustes que celles des femmes ! Cette évolution n’est pas récente, elle serait observable sur des crânes datant d’il y a quatre à cinq millions d’années, donc à l’époque où vivait l’australopithèque. Il écrit :

« Les australopithèques présentent des caractéristiques qui peuvent avoir amélioré la capacité au combat, y compris les proportions de la main qui permettent la formation d’un poing, transformant le système musculo-squelettique délicat de la main en une arme efficace pour la frappe.

Mais si l’évolution des proportions de la main est due à la sélection pour le combat, il faut s’attendre à ce que la cible principale, le visage, ait connu une évolution parallèle pour mieux se protéger contre les blessures provoquées par le poing. »

L’étude du Dr Carrier s’appuie sur des travaux récents qui montrent que la violence, hélas, a joué un grand rôle dans l’évolution humaine. Les jambes courtes des grands singes, la posture bipède de l’homme et les proportions de la main des hominidés sont dues, selon le chercheur, à la nécessité de combattre. La plupart des caractéristiques anatomiques des premiers hominidés n’ont pas eu d’autre but, selon lui, que d’améliorer nos performances au combat !

Sylvester Stalone dans le rôle de « Rocky ». La boxe a façonné la mâchoire et le poing de l’homme.

D’un coup (si j’ose dire) mon enquête sur l’origine de la violence humaine fait un bond de géant. Ainsi, l’homme s’est battu avec ses congénères depuis des millions d’années au point d’en être génétiquement modifié. Cela n’est pas en contradiction avec les découvertes des chercheurs sur les ossements humains. Toutes ces luttes d’hominidé à hominidé n’ont sans doute pas eu des conséquences telles qu’elles apparaissent dans les restes que nous avons retrouvés. Mais elles ont eu des répercussions sur le physique de l’homme, ce qui est bien la preuve qu’elles furent très fréquentes. Et si notre anatomie a ainsi été modifiée au fil du temps, c’est aussi que les femmes ont été attirées par les hommes qui présentaient de fortes mâchoires et savaient se battre !

On sait aujourd’hui que les femmes, sans en être toujours conscientes, recherchent plutôt un certain physique chez l’homme : une mâchoire carrée, des épaules larges, une certaine musculature. Car ce sont des indices d’un taux élevé de testostérone. Comme la femme cherche un bon reproducteur, c’est un point important. C’est aussi l’indice que cet homme-là saura la protéger et protéger sa progéniture.

Aujourd’hui, malheureusement, la virilité n’a plus le vent en poupe et les femmes semblent rechercher des physiques plus féminins, comme je l’ai montré dans un article précédent (La guerre des sexes est déclarée ?). Le caractère masculin un peu trop marqué est de plus en plus perçu comme un signe d’agressivité, de violence intra-conjugale. Mais pendant longtemps, les guerriers ont attiré les femmes…

Si donc les mâchoires et les poings des hommes modernes sont hérités de ces lointains ancêtres belliqueux, c’est que les femmes leur ont donné la préférence. Ce qui renforce encore l’idée que nous descendons des hommes les plus violents. Les autres, les femmelettes, soit ont été éliminés par l’Évolution, soit par les femmes — ce qui revient au même.

Cette découverte complique un peu le récit que l’on peut établir du rapport de l’homme avec la violence. D’un côté, comme on l’a vu, il semble avoir collaboré avec des espèces pourtant différentes de lui ; d’un autre il s’est modelé un physique de boxeur ! Alors ? Ange ou démon ? Mais il y a peut-être une explication. J’y reviendrai.

En tout cas, il n’est pas étonnant qu’on trouve des traces de boxe dans les tablettes de la première civilisation connue. La pratique n’était pas nouvelle !

Plus tard, la Grèce puis Rome, vont mettre à l’honneur le pugilat. Déjà l’ambiguïté de cette forme première de la boxe apparaît. Pour les Grecs, elle est une pratique guerrière mais fait aussi partie des jeux d’Olympie. Pour les Romains, elle est surtout pratiquée par les soldats. Cette dualité entre art de la guerre et sport va se poursuivre jusqu’à l’époque moderne où les boxeurs se perçoivent tantôt comme des sportifs tantôt comme des guerriers. Les premiers ont un code de bonne conduite et mènent une vie saine ; les seconds ne connaissent que la loi du plus fort et mènent une vie dissolue. Entre ces deux profils, le boxeur oscille en permanence, plaçant le curseur, selon les circonstances, vers l’un ou l’autre pôle…

La Chrétienté va ensuite interdire le pugilat, jugeant les tueries qu’elle occasionne incompatibles avec les enseignements du Christ. Elle interdit même les Jeux Olympiques, car ils donnent trop d’importance au culte du corps.

Mais, au fil du temps, l’Église assouplit sa doctrine. En effet, ses interdits n’empêchent pas les villageois de se livrer à des combats clandestins ! Alors, autant les encadrer ! Elle fixe des règles qui visent surtout à calmer les ardeurs guerrières des chevaliers, lesquels, à l’époque, faisaient régner la terreur dans les villages. Éloignés pendant les croisades, les chevaliers font moins parler d’eux en Occident et les combats d’homme à homme semblent disparaître. Du moins, nous n’en avons plus de trace officielle.

La boxe dite « anglaise »

Au 19è siècle, des règles commencent à encadrer les combats de boxe anglaise.

Le pugilat ne réapparaîtra qu’au 17e siècle, en Angleterre, comme l’atteste un article du Protestant Mercury, daté de janvier 1681, qui relate une « rencontre de pugilat » entre le majordome et le boucher du duc d’Albermarle. L’Angleterre est la première en Europe à connaître ce qu’on appelle la Révolution Industrielle, liée au développement des connaissances scientifiques et techniques. Les aristocrates sont quelque peu mis sur la touche et la bourgeoisie industrielle prend le pouvoir. La « boxe » moderne pointe alors le bout de son... poing. Car les nobles, rendus oisifs, s’enflamment pour cette pratique très juteuse qui leur permet de vider leurs rivalités par boxeurs interposés en faisant se battre leurs domestiques respectifs…

Et les morts s’accumulent. Si bien qu’en 1866, un journaliste, Graham Chambers, rédige quelques règles qui constituent l’essentiel de la boxe anglaise d’aujourd’hui (ring de 7,20 m de côté, durée des reprises limitées à trois minutes séparées par des pauses, catégories de poids, comptage de l’adversaire à terre pendant dix secondes avant qu’il ne soit déclaré vaincu, etc.). Le marquis de Quennsbury, plus connu que le journaliste, use de son influence pour imposer ces règles. De sorte qu’en 1891, la boxe est de nouveau autorisée.

La boxe française.

C’est au début du 20è siècle que la boxe anglaise fait son apparition en France. Comme on le verra plus loin, elle supplante rapidement la boxe française davantage conçue selon la formule de l’« assaut » [5].

C’est alors que commence une drôle d’histoire, qui révèle bien toute l’ambiguïté de la violence humaine, cette lutte incessante pour la contraindre, tout en la laissant s’exprimer. À chaque fois que les autorités ont voulu domestiquer la boxe, en lui fixant des règles très strictes, des hommes ont cherché à s’adonner à la violence par d’autres moyens. Deux exemples marquants : la guerre entre la boxe anglaise et la boxe française, et la guerre entre les arts martiaux et les boxes pieds-poings qui en sont dérivées.

Vers 1830, les techniques de poings de la boxe anglaise sont associées aux coups de pieds de la savate et du chausson. À Paris, les célébrités de l’époque (Alexandre Dumas, Théophile Gautier, etc.) et l’aristocratie se mettent à pratiquer la savate. Le sport de voyou s’embourgeoise…

Ainsi la boxe française connaît un grand succès au début du 20è siècle. Elle est enseignée dans l’armée, les écoles et les sociétés sportives. Mais très vite, face aux combats professionnels de boxe anglaise, la boxe française, avec son esprit amateur, est délaissée. Sport de voyou à l’origine, la boxe française-savate a cherché à inventer une boxe non violente, où la « touche » de l’adversaire l’emporte sur la violence, où la technique l’emporte sur la brutalité, où le style l’emporte sur l’efficacité. Mais voilà, les pratiquants recherchent des émotions plus fortes, et plus rémunératrices. D’où le succès de la boxe anglaise où prédominent la volonté de détruire l’adversaire et surtout l’appât du gain.

Décimée par la guerre de 14-18, la boxe française renaît peu à peu et connaît un renouveau avec l’engouement pour les autres disciplines pieds-poings.

L’irruption de la boxe pieds-poings

Entraînement au muay thaï dans une salle d’entraînement de Phuket en Thaïlande.

Dans les années 70 le paysage de la boxe en Occident est bouleversé par l’apparition sur les écrans de cinéma d’un acteur asiatique qui deviendra mythique, Bruce Lee. Le public, médusé, le voit trucider ses adversaires à coups de pieds, de coude, de poings, le tout dans des acrobaties époustouflantes ! À cette époque, les films dit de karaté — en fait de kung-fu — vont séduire la jeunesse occidentale. Ça tombe bien, parce que l’Asie s’ouvre de plus en plus à l’Ouest et cherche à faire connaître ses traditions, notamment les arts martiaux. Les Américains s’emparent de ces pratiques guerrières mais les débarrassent très vite des aspects spirituels. De l’autre côté de l’Atlantique, le karaté n’est pas perçu comme une voie de l’Éveil, mais comme un sport. Seulement voilà, les techniques sont si dangereuses que la frappe réelle est interdite ! Ce sont des juges qui apprécient la qualité des attaques portées.

Or les karatékas américains veulent pouvoir constater leur réelle efficacité au combat, sans passer par des juges. Ils inventent donc dans les années 70 une forme de karaté, le karaté-full-contact — autrement dit, le karaté plein contact — où les coups sont portés réellement, mais avec des protections, pour éviter de blesser l’adversaire : des sortes de gants et des chaussons en mousse pour les pieds. Et les coups ne peuvent être portés qu’au-dessus de la ceinture, ce qui permet aux sportifs de retrouver l’esthétique des frappes aériennes (si j’ose dire) de Bruce Lee, le maître à tous !

L’acteur belge Jean-Claude Van Damme a incarné le boxeur pieds-poings occidental en réponse à la légende asiatique Bruce Lee.

Dans son tout premier film en 1988, l’acteur belge Jean-Claude Van Damme, encore peu connu, incarne un méchant karatéka soviétique face à un jeune Américain initié aux arts martiaux par le fantôme de Bruce Lee lui-même (Karaté Tiger). C’est encore l’époque où l’Amérique est censée incarner les valeurs positives du capitalisme occidental face au puissant ennemi communiste. Puis le mur de Berlin s’écroule en 1989. La guerre froide prend fin, l’URSS n’est plus l’ennemi. L’Asie devient alors le nouvel ennemi, surtout un redoutable concurrent commercial aux mœurs mystérieuses. Dans un film suivant, Kick-Boxer, Jean-Claude Van Damme est un digne représentant de l’Amérique qui va défier en Thaïlande un méchant combattant qui a paralysé son frère à vie.

Une nouvelle « guerre des boxes » commence : d’un côté le full-contact américain qui n’autorise que les coups de poing et les coups de pied, et seulement au-dessus de la ceinture (tout un symbole…) ; de l’autre, la boxe asiatique où tous les coups sont permis : coups de poing, coups de coude, coups de genou, coups de pied, saisies, projections au sol... Le vice contre la vertu. La civilisation contre la barbarie...

Les Japonais sont un peu vexés que les Américains aient créé ce dérivé du karaté, le full-contact, et qu’ils montent de grosses organisations très rémunératrices avec. Ils inventent donc une discipline assez voisine, le kick-boxing, où l’on peut porter les coups sous la ceinture. Les affrontements sont plus directs, plus violents aussi. Les coups de genou et de coude sont autorisés. Et peu à peu on oublie les protections aux pieds. Seuls restent les protections aux poings — les gants —, qui sont repris de la boxe anglaise.

Que fait la jeunesse ? Elle va dire : « Non ! Non ! Ce nouveau sport est trop violent ! Le full-contact est plus civilisé ! ». Eh bien, non, elle se précipite vers ce nouveau sport et délaisse la version américaine du karaté. Mais le kick-boxing qui débarque en Occident est une version édulcorée de la pratique d’origine. Ainsi, les coups de genou et de coude finissent par être interdits. Trop dangereux. Les coudes sont aussi tranchants que des lames de couteaux et occasionnent des blessures très graves au crâne. On retrouve là le souci des autorités de réduire la dangerosité de ces pratiques.

Mais dans les années 90, un autre sport, venu lui de Thaïlande, attire les jeunes, c’est le muay thaï. On frappe non seulement avec ses poings et ses pieds mais aussi avec les genoux et les coudes ! On peut même saisir son adversaire et le projeter au sol !

Et que fait la jeunesse ? Elle va dire : « Non ! Non ! Le muay thaï est trop violent ! Le kick-boxing est plus civilisé ! ». Pas du tout, elle se précipite vers ce nouveau sport et délaisse la version occidentalisée du kick-boxing. On assiste alors à la multiplication de combats clandestins dans les caves des cités ! Ça sent le souffre.

Les autorités cherchent à sortir la pratique du muay thaï de la clandestinité ; elle s’officialise, mais en même temps perd un peu son attrait auprès d’une partie de la jeunesse qui recherche des sensations de plus en plus fortes.

Le MMA (Mixed Martial Arts) attire de plus en plus de pratiquants.

C’est alors que de nouvelles techniques de combat libre apparaissent : free fight, ju-jitsu, etc. On ne se contente plus de frapper l’adversaire, on l’immobilise au sol, comme au judo, et même, on le frappe à terre, ce qui était rigoureusement interdit dans la boxe moderne ! Après bien des hésitations, la France finit par autoriser ces combats qui mélangent différents arts martiaux, d’où leur nom : MMA, Mixed Martial Arts. On assiste alors à des affrontements d’une violence inouïe ! Des boxeurs sanguinolents se déchaînent… dans des cages !

Et bien sûr la jeunesse se passionne pour ce nouveau sport ! On en est là, en attendant la prochaine étape, plus violente encore !

Ce rapide historique de la boxe montre à quel point une bataille s’est livrée depuis l’origine entre les autorités qui voulaient calmer le jeu, et les pratiquants qui demandaient toujours plus de violence. Et ce sont toujours ces derniers qui ont gagné. L’idée étant qu’il fallait mieux organiser la violence que la laisser se développer dans la clandestinité, car, de toute façon, il était dans l’ADN des hommes de chercher à en découdre avec des adversaires qui ne leur avaient rien fait mais qui étaient d’accord pour recevoir des coups ! Curieux hommes, non ?

Tant qu’on n’aura pas compris l’origine de la violence humaine, mieux vaut la laisser s’exprimer dans un cadre contrôlé…

L’âme des boxeurs

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Difficile de sonder l’âme complexe des boxeurs.

Mais qu’ont donc dans la tête ces jeunes qui se livrent avec passion à la pratique de ces sports d’une grande violence ?

Si aucun pratiquant ne ressemble à un autre, il est néanmoins possible de déterminer un certain nombre de valeurs auxquelles les uns et les autres sont attachés à des degrés variables et que la boxe leur permet de mettre en jeu :

— le sens de l’honneur,
— le goût d’un contact direct, d’une relation simple,
— le refus de se soumettre ou de faire des compromis,
— le dégoût de l’injustice, du favoritisme, des fausses valeurs, des artifices,
— la difficulté d’exprimer par des mots des émotions qui s’activent dans les profondeurs sensibles de l’être,
— la perception du monde comme le terrain d’un combat permanent entre des forces opposées,
— le désir, en s’exposant au maximum physiquement, de se dissimuler au maximum psychologiquement (utiliser le corps et la tenue/uniforme comme camouflage),
— la très grande valeur attachée à l’effort, à la souffrance, au travail sur soi,
— le désir d’exclure (ou de réduire au maximum) le hasard dans l’évolution de la vie,
— la conviction que l’individu est seul maître de son destin,
— le goût de la ruse,
— le désir de connaître l’autre profondément, immédiatement et authentiquement,
— l’attachement aux principes qui différencient le sexe masculin du sexe féminin.

Dans l’esprit du boxeur, ces valeurs dessinent les contours d’une identité masculine idéale et d’un rapport idéal entre les hommes. Certains verront sans doute en eux des brutes sauvages se vautrant dans la violence avec délice mais rarement la haine de l’adversaire les anime. D’ailleurs, ils se jettent dans les bras l’un de l’autre à la fin de l’affrontement et s’embrassent parfois joyeusement. Ils se sont bien amusés. Ils se sont donnés à fond. À aucun moment ils n’ont perçu les attaques contre l’autre comme un acte violent. Le geste est cruel mais l’intention ne l’est pas. Ils sont d’ailleurs souvent les meilleurs amis du monde… Mystérieuse nature humaine. En fait, dans leur esprit, ils s’entraînent mutuellement à affronter la dureté de la vie. Car pour eux, la vraie violence n’est pas sur le ring, mais dehors, dans la société.

Ils souffrent tellement, dans leur cœur et dans leur âme, de blessures à jamais secrètes et souvent — hélas — précoces, que la souffrance physique est peu de chose pour eux ; mieux même, elle leur fait oublier les souffrances morales contre lesquelles ils ne connaissent pas de remède.

Il existe en effet un point commun entre les boxeurs : ils ont souvent eu une enfance difficile dominée par la violence à leur encontre. On verra par la suite qu’une part de l’origine de la violence humaine est le besoin de « rendre », ou du moins de faire ressortir la violence que l’on a subie dans le passé. Il n’est donc pas surprenant que la quasi-totalité des boxeurs viennent de « quartiers difficiles ».

De fait, la boxe est très marquée sociologiquement. Elle semble requérir des qualités qui n’appartiennent qu’à certains milieux. Elle est aussi un mode d’expression personnel qui s’affranchit de la parole, laquelle est souvent mal maîtrisée dans les milieux populaires surtout d’origine étrangère.

J’ai été surpris de voir que dans les combats de boxe, il y a une absente, la femme. Il y a quatre coins au ring : deux coins pour les boxeurs, un coin pour l’arbitre. Mais qui est absent ? Qui pourrait occuper le quatrième coin ? La femme, évidemment. Alors je me suis demandé si la boxe ne symbolisait pas l’affrontement de deux jeunes mâles dans la force de leur jeunesse pour l’appropriation d’une femelle…

Il est possible — c’est ma conviction — que cette violence du combat d’homme à homme n’ait servi qu’à cela, non pas à tuer, mais à asseoir une domination. Ce qui lèverait la contradiction entre le côté « Ange » de l’homme préhistorique « intégrateur » et son aptitude très ancienne au combat, son côté « Démon ». Car, il faut bien le reconnaître, la sexualité est souvent à la base de la violence. Elle est sans doute même la première des violences [6].

Est-ce que les boxeurs nous renseignent sur l’origine de la violence ? En tout cas, quand on fréquente les boxeurs, on s’aperçoit qu’ils sont en général calmes et pacifiques. Il semblerait que la boxe remplit parfaitement son rôle de « défoulement ». On devine alors que l’homme contient en lui une sorte de réservoir dans lequel l’envie de violence se déverse en fonction des situations de sa vie personnelle. Quand ce réservoir atteint un trop-plein, il faut qu’il se vide. La boxe permet cette « décharge » contrôlée. Mais alors on pressent que la violence n’est pas une pulsion autonome de l’être humain, mais une réaction. Dans le cas des boxeurs, on a vu qu’elle permet d’exprimer une enfance difficile, une situation sociale dégradée. Mais qu’est-ce qui fait que la violence touche aujourd’hui, à des degrés divers et selon des formes différentes, toutes les strates de la société ?

Les racines de la violence

René Girard, dont je parlerai longuement plus loin, pense d’ailleurs qu’à l’origine de la violence humaine, il y a une « violence originelle », mal connue, contre laquelle l’homme n’aurait cessé, au cours des âges, de se battre pour l’endiguer. L’homme aurait inventé toutes sortes de rituels, notamment des sacrifices, humains ou animaux, pour la conjurer. Car la violence entraîne la violence. L’acte violent est toujours suivi d’une vengeance ; et la vengeance entraîne une autre vengeance. Et c’est ce cycle infernal que l’homme s’efforce de briser. Nos sociétés modernes ont inventé la justice pour ne pas laisser aux individus le soin de se venger eux-mêmes. C’est la société qui endosse ce rôle. Mais comment répondre à la violence diffuse qui émane de la société au quotidien ? Comment se « venger ». Chacun semble imaginer la solution qui lui convient. Mais la société, elle, ne voit pas qu’elle est à l’origine de cette violence, alors, elle cherche des causes ailleurs…

Nombreux sont les chercheurs qui se sont penchés sur la question de la montée de la violence dans nos sociétés modernes. Toutes sortes d’explication ont été avancées. Certains s’appuient sur le volet sécuritaire. Nous ne serions pas assez sévères avec les mineurs, la justice serait trop lente et les sanctions arriveraient trop tard — quand elles arrivent ! —, les parents n’exerceraient pas assez leur autorité, la police ne serait plus assez présente sur le terrain. Ceux-là prônent un durcissement des peines, une augmentation des effectifs de policiers ou de gendarmes, l’implication des parents.

Mais selon le criminologue Alain Bauer [7], l’origine de la violence n’est pas dans une supposée permissivité de l’Etat, et le volet répressif n’a aucun effet. D’ailleurs, les actes délictueux semblent augmenter alors qu’on constate un durcissement et un élargissement des sanctions… Selon lui, c’est l’État lui-même qui génère cette violence :

« L’État doit donc affronter un problème qu’il croyait régler ici en intégrant, et là en excluant, ici on prévient et là on réprimande. Et cette nécessité d’affronter en pratique ce qui devait être aboli en théorie lui impose de se retourner sur lui-même et d’interroger sa propre violence : cette violence dont il a cru détenir le monopole et la légitimité, et qui apparaît aujourd’hui à la fois ouvert à la concurrence et frappé de légitimité. Car l’État central, tout particulièrement en France, avait décidé de ne plus être l’État, de devenir un arbitre le plus neutre possible, une sorte de médiateur des parties en présence, oubliant qu’il avait créé la nation et que, sous des formes diverses (monarchie, empire, république), il en avait fixé la structure et le destin. »

On a vu que la violence chez l’homme est apparue avec la sédentarisation, avec la naissance des civilisations et des villes. C’est le paradoxe. On entend parfois dire que tous ces actes criminels marqueraient une sorte de mouvement de « décivilisation » [8]. Or c’est l’inverse, c’est la civilisation qui a créé la violence.

Nos comportements sont désormais hautement contrôlés et manipulés, si bien que, sans le savoir, nous vivons dans une prison mentale.

La civilisation ne crée pas seulement des inégalités sociales, elle multiplie aussi les interdits, les contraintes. L’accumulation des réglementations, qui limitent la liberté humaine, est source de violence. Comme je l’ai indiqué dans un article précédent (L’Homme dépassé) nos vies sont de plus en plus encadrées, corsetés par un amoncellement de règles. Nos comportements sont étroitement contrôlés par la publicité, par les médias, par la pression sociale et par les impératifs économiques. Nous sommes tracés en permanence. Nos moindres gestes sont épiés, nos habitudes sont passées au crible, nos préférences personnelles font l’objet d’un commerce mondial très lucratif. Nos politiques nous assènent à chaque élection le même discours : « Aucun autre monde n’est possible que celui que nous vous imposons. Votez tant que vous voulez, pour qui vous voulez, cela ne changera rien ». Nous rêvions de liberté, de grands espaces, et nous sommes enfermés dans des cages de plus en plus étroites, sans porte de sortie, qui nous isolent chaque jour davantage les uns des autres.

Notre organisation sociale et économique génère cette violence qui s’exprime au quotidien. Et une machine infernale se met en marche... Les chercheurs ont en effet montré que la violence est un héritage :

La valorisation de comportements agressifs au sein de la famille, du groupe, de la société, accroît la violence de l’individu [9].
La violence s’acquiert par héritage quand l’individu est lui-même exposé à des situations violentes.

Autrement dit, la violence est contagieuse. De sorte que, plus elle se développe dans nos sociétés, plus elle nous contamine, plus notre degré de tolérance aux comportements agressifs augmente. Des situations qui nous auraient terrifiés il y a une vingtaine d’années sont aujourd’hui banalisées. D’où la montée en puissance de la violence dans les séries, les films... et les commentaires sur les réseaux sociaux. On en veut toujours plus !

Notre société est devenue passionnelle

Je vois aussi une autre cause à la montée de la violence. Comme je l’ai expliqué dans un article précédent sur la guerre des sexes, la féminisation de la société a pour conséquence une montée de l’émotion. Nous vivons désormais dans ce que j’appellerais une « société passionnelle ». Les débats s’enflamment vite, sur les réseaux sociaux, à la télévision. Les esprits s’échauffent vite dans les voitures, dans les transports en communs. La journaliste Eugène Bastié parle de Dictature du ressenti [10] :

« Le paradoxe est qu’à mesure que ce répand ce relativisme progresse en même temps l’intolérance. À mesure que croît le subjectivisme grandit le sectarisme. Un sectarisme qui n’est plus idéologique mais compassionnel et sentimental. Il n’y a plus de vérité universelle mais « ma » vérité ne saurait être remise en cause sous prétexte de me blesser. »

Notre société exacerbe les passions et les valorise au détriment de la raison.

La raison est vaincue, l’émotion triomphe. Les opinions des autres qu’on ne partage pas sont vécues comme une agression personnelle, comme une remise en cause de ce que l’on est. Il faut donc répliquer, se défendre, contre-attaquer. Certes, ces excès ne sont pas récents. On peut citer la fameuse « Bataille d’Hernani » [11] ou l’Affaire Dreyfus. Le passé a connu des débats passionnés. Mais ce qui était un épisode isolé est devenu notre lot quotidien. Là encore, les réseaux sociaux amplifient le mouvement, et les chaînes d’information leur emboîtent le pas. Il faut nourrir l’antenne 24 heures sur 24 avec des polémiques et des petites phrases assassines.

Et puis nous sommes devenus intolérants à la frustration. Pour moi, le plus bel exemple de cette intolérance est la défaite, en 2022, de Donald Trump à l’élection à la présidence des États-Unis. Il n’est pas parvenu à se faire réélire. Il a tout fait pour truquer les élections, pour contester les résultats, pour provoquer le soulèvement de ses partisans, comme au Capitole. Mauvais perdant ? Non, intolérance à la frustration. Et cette intolérance, pire que l’intolérance au gluten ou au lactose, se développe à vitesse grand V. Nous ne supportons plus que le réel se ne conforme pas à nos attentes. C’est pour nous un crime contre l’ego et il faut châtier son auteur ou ses auteurs.

On ne supporte plus d’attendre, on ne supporte plus d’être contredit, on ne supporte plus de perdre, et, au final, on ne se supporte plus soi-même.

On le voit, l’origine de la montée de la violence trouve ses racines dans des mouvements profonds de la société. Il ne s’agit plus, comme pour les boxeurs, de ressortir la violence qu’ils ont subie dans leur enfance, ou, comme pour les auteurs de rixes, de se valoriser enfin aux yeux de leur entourage. Inutile de renforcer la police ou de responsabiliser davantage les parents (qui ne sont pas plus efficaces que l’État !). Le mal est beaucoup plus profond. C’est notre société qui est malade et qui engendre cette violence. Elle est devenue elle-même violente, avec ses règles à profusion, ses normes, ses interdits, ses radars, ses caméras, cette volonté de nous contrôler alors qu’elle-même, comme je l’ai dit dans un précédent article (L’Homme dépassé), ne contrôle plus rien. C’est notre société, celle qui crée des inégalités sociales, parque des populations dans des habitats indignes, les livrent aux dealers et aux marchands d’illusion, c’est elle qui crée la violence. C’est notre modèle économique de consommation avec ses insatisfactions permanentes, ses objets périmés dès qu’on les achète, ses modes qui s’enchaînent si vite qu’on ne peut pas les suivre, c’est lui qui crée la violence. Et à cette violence subie en permanence, les individus répondent par la violence. C’est leur manière de se venger de ce qu’ils subissent au quotidien.

J’ajouterai qu’un autre phénomène vient compliquer les choses : c’est le manque de vocabulaire pour exprimer ses ressentis. Thomas d’Ansembourg, l’auteur de la communication non violente, le décrit très bien [12] : si l’on n’a pas le vocabulaire, si on ne peut mener la réflexion pour décrire avec des mots ce que l’on ressent au fond de soi, on accumule du ressentiment et un beau jour, cela explose. Il explique ainsi la violence des jeunes. On sait qu’aujourd’hui, la culture régresse. On ne lit plus, on ne se cultive plus, on vit dans un carousel d’images où une émotion chasse l’autre. On ne nous fournit pas des clefs pour comprendre le monde, on nous assomme d’informations sans queue ni tête. J’en ai parlé dans un article précédent (L’Homme dépassé) à propos des travaux de Günther Anders. La violence remplace de plus en plus le langage. Elle devient en fait le langage.

Le désir mimétique

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Mais nous ressentons le besoin d’aller plus profondément encore. L’historien et anthropologue René Girard, que j’ai évoqué plus haut, peut nous y aider. Sa pensée est complexe mais elle va nous éclairer.

L’homme cherche à ressembler à des « modèles » en s’appropriant les mêmes objets qu’eux.

Il est l’auteur d’une théorie qu’il a appelée « le désir mimétique ». C’est un concept très intéressant qui explique beaucoup de choses sur l’origine de la violence. L’idée est que l’homme a satisfait ses besoins et il fonctionne désormais sur des désirs :

« Une fois que ses besoins primordiaux sont satisfaits, et parfois même avant, l’homme désire intensément, mais il ne sait pas exactement quoi, car c’est l’autre qu’il désire, un être dont il se sent privés et dont quelqu’un d’autre lui paraît pourvu. Le sujet attend de cette autre qu’il lui dise ce qu’il faut désirer, pour acquérir c’est être. [13] »

On pourrait penser que nos désirs nous poussent à acquérir des objets, puisque la société de consommation, comme je l’ai montré dans de précédents articles (Pourquoi l’écologie ne fait pas recette ? et La guerre des sexes est déclarée ?), au mépris du changement climatique, nous y incite 24 heures sur 24. Mais en fait, ce que nous désirons, selon lui, c’est être comme l’autre qui possède des objets. Nous désirons lui ressembler. Et pour lui ressembler, nous devons posséder les mêmes choses que lui, vivre la même vie que lui. Nous n’avons pas conscience que nous ne faisons qu’imiter quelqu’un. Nous pensons que ce « quelqu’un » qui nous paraît si enviable, a construit son être seul, par lui-même, sans imiter personne. Ce qui est faux, il a aussi imité quelqu’un. Mais nous pensons qu’en l’imitant, lui qui — croyons-nous — s’est fait lui-même, nous allons devenir quelqu’un, nous allons être.

On trouvera plein de validations de cette théorie dans notre environnement. La publicité fonctionne sur ce mécanisme. Nous voulons un produit parce que nous voulons ressembler à la personne qui le possède. Dans l’article sur l’écologie (Pourquoi l’écologie ne fait pas recette ?), j’ai montré ce phénomène du « Je consomme, donc je suis ». Par l’achat, en fait, on ne cherche pas à avoir mais à être en imitant ceux qui ont le même objet. Le succès des influenceurs et des influenceuses obéit au même principe du désir mimétique. Sauf que ce besoin d’acheter des objets pour s’acheter une personnalité se paie très cher, il se paie par la violence. Car le souci d’imitation n’est jamais pleinement satisfait, on ne devient jamais vraiment l’autre, lequel d’ailleurs est, lui aussi, en perpétuelle recherche d’un modèle à imiter. Il y a là un jeu de dupes qui a atteint avec notre société de consommation un niveau inquiétant. D’où sans doute l’une des causes les plus profondes de la violence.

Tous pareils !

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L’homme s’en prend souvent à celui qui lui ressemble le plus.

Mais René Girard émet une autre idée pour expliquer l’évolution violente du monde d’aujourd’hui, c’est l’indifférenciation. De quoi s’agit-il ?

Quand j’ai réalisé mon enquête sur les rixes inter-quartiers (Des adolescents à couteaux tirés), j’ai été surpris de constater que les jeunes s’en prenaient à d’autres jeunes qui étaient exactement comme eux. Ils ne s’en prenaient pas à des jeunes aisés des beaux quartiers, non, ils s’attaquaient à des jeunes qui vivaient comme eux dans des cités et avaient les mêmes difficultés sociales qu’eux. Et ils ne s’en prenaient qu’aux jeunes, les adultes pouvaient aller et venir d’un quartier à l’autre sans être inquiétés.

Sur le ring, le boxeur s’en prend à un adversaire qui est son double parfait : même catégorie d’âge, de poids, de progression dans la discipline. Un miroir de lui-même.

Aujourd’hui les Russes s’en prennent à leurs voisins, les Ukrainiens, qui leur ressemblent tellement. Les Tutsis ont massacré les Hutus au Rwanda. Les classes populaires s’en prennent aux immigrés qui sont comme eux… Je pourrais multiplier les exemples. Bref, on s’attaque en priorité à ceux qui nous ressemblent !

René Girard nous éclaire sur cet étonnant phénomène. Pour lui la violence est provoquée par l’indifférenciation, c’est-à-dire par l’affaiblissement des différences, par la normalisation. Et c’est vrai que nous vivons dans une société qui uniformise les individus : nous consommons les mêmes objets, nous regardons les mêmes séries, nous nous habillons de la même façon, nous mangeons et buvons les mêmes produits. Nos voitures se ressemblent toutes. Et, peu ou prou, formatés par les médias, nous pensons tous un peu les mêmes choses. Nous sommes devenus des clones les uns des autres. Si l’on suit René Girard, cette perte de la différence génère de la violence. Et il redoute beaucoup, comme moi, la perte de la différence sexuelle, avec des hommes qui se féminisent et des femmes qui se virilisent. En prônant l’égalité, on commet l’erreur de gommer les différences. Après avoir détruit la bio-diversité, nos sociétés sont en train de détruire la diversité humaine. Et cette impossibilité de se différencier des autres (d’où, d’ailleurs, le succès du tatouage en réaction à l’uniformisation), créerait de la violence.

Nous mesurons à quel point la montée de la violence est le résultat de facteurs très profonds qui sont la conséquence du chemin que l’humanité a pris depuis que les civilisations ont été créées, il y a six mille ans. Ce n’est pas une question de police, de justice ou d’autorité parentale. C’est tout notre modèle de développement qui est en cause.

Ainsi, non seulement l’humanité ne contrôle plus son destin, mais elle est en train de générer en son sein un monstre, un homme violent, inculte, submergé par ses émotions et ses désirs inassouvis, prompt à s’en prendre à ceux qui lui ressemblent, avec une volonté farouche de « briser le miroir ». Comme la belle technologie du Dr Frankestein a donné naissance à une créature monstrueuse et incontrôlable, l’espèce humaine a enfanté un être que nos ancêtres préhistoriques regarderaient avec curiosité s’ils pouvaient voyager dans le temps et débarquer à notre époque. Ils se demanderaient comment nous en sommes arrivés là alors que nous avions tant d’atouts merveilleux en main.

L’être humain est un drôle d’animal. Dans son lointain passé, avant qu’il ne domine le monde, il n’était qu’une proie parmi d’autres pour tous les animaux féroces qui l’entouraient. Mais cette peur d’être mangé tout cru qui l’a habité pendant des milliers d’années ne l’empêche pas aujourd’hui, alors qu’il pourrait vivre en paix avec ses semblables, d’être devenu son principal (et unique) prédateur. Pourquoi l’homme est-il devenu un loup pour l’homme ?

Et demain ?

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On l’a compris, l’homme n’est pas devenu plus violent qu’autrefois. La violence conduisant à la mort de l’autre a même considérablement diminué par rapport à des époques anciennes. Mais une nouvelle source de violence est apparue avec le développement du consumérisme et de la mondialisation. Les spécialistes préfèrent parler à ce sujet de « situations de violence ». Ce n’est pas en durcissant les lois et en agrandissant les prisons, ni en multipliant les caméras de surveillance ou en greffant une puce à chaque individu qu’on la fera disparaître ! En revanche, une société plus juste, qui donne sa place à chaque citoyen, qui répartit mieux les richesses, qui éduque les peuples et ne les tient pas à l’écart des décisions qui les concernent, cette société-là verra les situations de violence diminuer.

En attendant on voit resurgir d’anciennes violences liées à la défense de territoires ou à la protection des ressources. Les règlements de compte se multiplient chez les dealers, chaque bande tentant de prendre le contrôle de territoires de plus en plus vastes. Quant aux ressources, elles sont accaparées par une petite partie de la population :

Les richesses produites par les individus sont accaparées par un petit groupe.
On exploite les personnes qui fabriquent nos vêtements, qui assemblent nos téléphones portables et cultivent les aliments que nous mangeons, afin de garantir un approvisionnement constant en produits pas chers, mais aussi pour grossir les profits des entreprises et leurs riches investisseurs [14]

Nous risquons de créer un modèle de société où la police et l’administration contrôlent et manipulent de plus en plus les individus pour tenter de les empêcher de se révolter contre des puissances qui détournent vers elles l’essentiel des richesses. C’est cette anticipation que met en scène le film culte de Terry Gilliam, Brazil [15]

Une scène du film « Brazil » de Terry Gilliam.

Déjà dans une ville comme Cap Town en Afrique du Sud, les pauvres sont parqués dans des bidonvilles (« Townships ») tandis que les riches vivent dans des propriétés gardées (« Estates »). Est-ce cette société que nous voulons ? C’est en tout cas celle-là qui crée la recrudescence de violence que nous connaissons aujourd’hui. Et le pire est sans doute à venir. Car, avec le réchauffement climatique, des populations entières vont se déplacer vers des pays dont la principale richesse deviendra alors d’être plus vivable...

En attendant ce jour funeste, les inégalités continuent de se creuser. Si beaucoup d’individus n’ont plus aujourd’hui comme langage que la violence, il est urgent d’entendre les cris silencieux qu’ils poussent...

Tout n’est donc pas perdu... fin

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Notes

[1La violence existe dans la nature, chez toutes les espèces. Elle est souvent le fruit du besoin de se nourrir. On parle de « relations alimentaires ». Cette violence vitale, l’homme l’a sûrement eue en lui, comme tous les animaux. Mais on ne parle pas ici de la violence qui a pour fondement la nourriture, même si l’accès aux ressources alimentaires détenues par certains a fini par engendrer des inégalités qui ont elles-mêmes généré de la violence.

[3Folio. Mai 2022

[5Les éléments de cet historique sont empruntés à l’ouvrage de Michel Chemin. « La Loi du ring ». Gallimard. 1993.

[6L’acte sexuel lui-même, avec cette pénétration dans le corps de la femme, même s’il est associé au plaisir, a un aspect très violent. De plus, l’accouplement forcé avec des partenaires plus ou moins consentants, comme dans le cas de l’inceste, qui fonde le complexe d’Œdipe, revêt souvent un caractère violent.

[7« Tu ne tueras pas ». Alain Bauer. Albin Michel.

[8Le concept de décivilisation trouve son origine dans les travaux du sociologue allemand Norbert Elias, publiés en 1939 sous le titre Sur le processus de civilisation, qui étudie l’évolution positive des sociétés occidentales, puis la rupture de la période nazie. L’ethnologue français Robert Jaulin publie en 1974 La Décivilisation pour dénoncer la destruction de la nature et des cultures minoritaires. En France, le terme est repris au début des années 2000 pour dénoncer un prétendu ensauvagement de la société, avec par exemple la publication du livre Décivilisation en 2011 par Renaud Camus, figure de l’extrême droite identitaire ; il est réutilisé en mai 2023 par plusieurs politiques de droite après une succession de violences et de faits-divers graves. (Wiktionnaire).

[10« Le Dictature du ressenti ». Eugénie Bastié. Plon. 2023.

[11La bataille d’Hernani est le nom donné à la polémique et aux chahuts qui entourèrent en 1830 les représentations de la pièce Hernani, drame romantique de Victor Hugo.

[13« La violence et le sacré ». René Girard. Grasset. 2000.

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PUBLIÉ LE : 20 novembre 2024 | MIS À JOUR LE : 21 novembre 2024
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