C’est l’une des plus grandes énigmes de notre histoire ! Il y a 5 à 6.000 ans, se produit ce que les spécialistes appellent un « saut historique ». Soudain, l’homme sort de la préhistoire et se met à créer des civilisations. Bien sûr, ce n’est pas du jour au lendemain et le processus va prendre plusieurs siècles, mais le fait est qu’une profonde métamorphose se produit dans l’humanité qui la propulse dans un laps de temps très court des petits villages du Néolithique aux somptueuses cités sumériennes de la Mésopotamie. Le chasseur-cueilleur à peine sédentarisé se fait bâtisseur de pyramide en un clignement d’œil à l’échelle de l’histoire humaine. Comment un tel prodige a-t-il été possible ? Évolution naturelle ? Pression de la menace ennemie ? Intervention extérieure ?... Tentons de résoudre cette énigme...
Mais d’abord, qu’est-ce qu’une civilisation ?
Est considérée comme une « civilisation » une société humaine qui se sédentarise et s’organise autour d’une ville. L’activité de ses membres se concentre sur l’agriculture et sur l’élevage, avec le plus souvent des systèmes d’irrigation complexes. Il y a généralement un surplus de production qui alimente un commerce avec les régions voisines. Toute cette activité crée une certaine richesse qui s’accompagne du développement d’une écriture (pour tenir les comptes et rédiger les contrats !), d’expression artistique (fabrication de poteries et de bijoux, notamment) et de rites religieux associés à des constructions monumentales défiant les lois de la physique. La civilisation est aussi liée à l’émergence d’une structure hiérarchique et étatique et à la fixation de règles s’imposant à tous. Enfin, il n’y a pas de civilisation sans un développement considérable des connaissances dans le domaine scientifique. Il faut délimiter les parcelles cultivées, compter les récoltes et les animaux, et aussi prévoir les saisons.
Une civilisation est donc une organisation sophistiquée qui accompagne la maîtrise des éléments matériels vitaux. Mais pourquoi les hommes ressentent-ils à un moment donné le besoin de s’organiser ainsi, d’abandonner leur vie naturelle pour se réunir dans un même lieu sous une même autorité ? C’est là le grand mystère qui hante les archéologues.
Retour en arrière
Les bases des civilisations qui naissent un peu partout dans le monde il y a à peu près 5.000 ans sont constituées par l’agriculture et l’élevage. C’est au cours du Néolithique, à partir de 9.000 ans avant J.-C., que l’homme commence à se sédentariser et à procéder à des sélections de plantes et d’animaux qui sont utiles à son alimentation. Ce mouvement n’est pas brutal. On pense que tout en pratiquant cette agriculture, notre ancêtre a continué à chasser et à cueillir... Le processus de domestication, quant à lui, est mal connu. Comment l’homme, qui chassait des animaux sauvages à longueur de journée, en a-t-il choisi certains, comme les moutons et les chèvres, pour les domestiquer ? Mystère. Un point est sûr : la domestication suppose un temps très long d’imprégnation des animaux avec l’homme, donc une certaine sédentarisation [1].
Tout se joue donc dans cette période récente du Néolithique, dite de la pierre polie. Retenez bien cela : notre ancêtre passe en quelques siècles du statut de chasseur-cueilleur maniant comme outil de la pierre polie à celui d’être civilisé bâtissant des cités et faisant le commerce de ses récoltes et de ses animaux d’élevage. Un sacré saut !
On parle d’ailleurs de « Révolution du Néolithique » car l’homme au cours de cette période semble soudain se réveiller après une longue léthargie et fait des progrès à pas de géant ! Il faut dire que la Terre sort à cette époque d’une longue période de glaciation. Le début du Néolithique coïncide ainsi avec un brusque réchauffement climatique. Des études [2] ont montré qu’il existe un lien entre la naissance des civilisations dans certaines zones du monde — et pas ailleurs — et l’existence d’un climat tempéré. On comprend aisément pourquoi. Cette dépendance de la civilisation avec le climat est telle qu’elle oblige les hommes à anticiper les saisons et à prévoir les phénomènes climatiques extrêmes, comme les moussons en Asie.
Les civilisations apparaîtraient donc à un moment de l’histoire humaine marquée par une certaine accalmie. La Terre semble laisser l’homme un peu en paix. Car on imagine que la période précédente de réchauffement s’est accompagnée de phénomènes climatiques extrêmes. La fonte des neiges a provoqué des raz de marée gigantesques dont j’ai parlé ici dans l’article Et si nous étions vraiment seuls dans l’univers ?. Des digues géantes ont soudain cédé sous la pression de l’eau provoquant des cataclysmes dont on n’a pas idée. On pense que c’est ainsi que se sont formées la Méditerranée ou la Manche. Il est même possible que ce soit le souvenir de ces catastrophes phénoménales qui est à l’origine des récits de déluge présents dans de nombreux mythes.
Bref, après avoir gelé de froid, l’homme sort de sa grotte, retire ses fourrures et commence à cultiver son jardin. Et puis, un beau matin, pour une raison mystérieuse, il se met à construire des pyramides. C’est un raccourci rapide, mais c’est pourtant le cœur de l’énigme de nos origines. D’autant qu’on ne sait même pas à quoi servent vraiment ces édifices d’une complexité étourdissante !
Quelles sont les premières civilisations ?
Et le plus étonnant est que tout cela se produit à peu près au même moment sur toute la planète.
Vincent Boqueho [3] dresse ainsi la liste des premières civilisations :
- La civilisation sumérienne en Mésopotamie, née vers 3500 av. J-C.
- La civilisation égyptienne, née à peu près en même temps.
- La civilisation sabéenne à cheval sur le Yémen et l’Éthiopie actuels, qui trouve ses racines vers 2500 av. J-C.
- La civilisation de l’Indus dans l’actuel Pakistan, qui prend son essor vers 2300 av. J-C.
- La civilisation chinoise dans la vallée du Fleuve Jaune (nord de la Chine actuelle), qui commence à émerger vers 2200 av. J-C.
- La civilisation indienne dans la plaine du Gange au pied de l’Himalaya, qui prend forme peu à peu de 1700 av JC à 500 av. J-C.
- La civilisation olmèque au sud du Mexique actuel, qui semble émerger vers 1200 av. J-C.
- La civilisation de Caral sur la côte pacifique péruvienne, qui pourrait avoir émergé dès 3000 av. J-C.
Ces civilisations vont s’organiser autour d’une culture spécifique qui dépend beaucoup du climat : blé pour les 4 premières situées sur ce qu’on appelle le croissant fertile, riz pour les civilisations asiatiques (Chine, Inde), maïs pour les civilisations de Méso-Amérique et pomme de terre pour les civilisations andines. Ces huit civilisations sont indépendantes les unes des autres et vont ensuite constituer ce qu’on appelle des « berceaux » de civilisations.
La recherche sur l’origine des civilisations évolue constamment. Ainsi, on pensait que la civilisation sumérienne était la plus ancienne et la seule de la région. Or, la découverte d’objets d’art sur le site de Jiroft sur le plateau de l’Iran [4] semble montrer que d’autres cultures se sont développées dans la région, en même temps, et peut-être même avant Sumer...!
La difficulté est que l’on ne peut pas dire quand une pierre a été taillée. Les datations qui sont données de ces cités anciennes viennent en fait de l’analyse au carbone 14 des éléments organiques qu’on y trouve. C’est pourquoi des polémiques sont nées sur l’époque de la naissance des civilisations. Dans la mesure où certains édifices sont clairement alignés sur des phénomènes célestes (constellations, solstices, etc.), il a été possible, en recalculant la configuration idéale du ciel, de déterminer que ces constructions sont sans doute beaucoup plus anciennes qu’on ne l’imagine. Les premières civilisations pourraient dater en fait d’il y a environ 12.000 ans.
La découverte du site de Gobekli Tepe en Turquie auquel j’ai consacré un article dans ce blog montre que l’homme était sans doute sédentarisé il y a plus de 10.000 ans et savaient parfaitement tailler la pierre... Les datations des civilisations sont donc susceptibles d’évoluer encore...
Pourquoi voit-on des pyramides partout ?
Mais le plus étonnant est que cette époque de la naissance des civilisations est aussi marquée par la construction un peu partout dans le monde, que ce soit en Egypte, en Chine, en Amérique du Sud, etc. de monuments de forme pyramidale dont la vocation reste encore un mystère. Voyez sur ce lien ces lieux où ont été édifiées des pyramides.
Une telle synchronicité surprend toujours à une époque où, en principe, les hommes ne communiquaient pas entre eux à longue distance. Mais le psychologue Carl-Gustav Jung a bien montré qu’il existe chez l’homme ce qu’il a appelé un « inconscient collectif », une sorte de réservoir de connaissance et d’expérience, que nous partageons les uns avec les autres. C’est ainsi qu’il explique les grandes ressemblances entre les croyances, les architectures, les mythes, les expressions artistiques, etc. à travers le monde.
Mais il faut aussi se rappeler que la science a découvert récemment qu’avait eu lieu il y a environ 75.000 ans l’explosion du volcan gigantesque Toba en Indonésie qui a détruit un nombre considérable d’êtres vivants sur la planète. Selon les spécialistes, seule une poignée d’humains (entre 2.000 et 10.000) aurait survécu à cette catastrophe. C’est ce qui explique que notre ADN soit si proche chez tous les êtres humains. Il est possible que ces quelques représentants de la race humaine ait partagé les mêmes schémas de pensée et aient ensuite essaimé dans le monde entier, donnant naissance à des civilisations très proches les unes des autres dans leur forme et leur esprit.
Et puis, petit à petit prend corps l’idée qu’il existerait une sorte de matière invisible, imprégnant l’Univers entier, dans laquelle circulerait l’information. On sait que les scientifiques n’expliquent par l’atome que 7 % de la matière de l’Univers, le reste — quand même 93 % ! — serait constitué par une énergie sombre et par une matière noire invisible dont on ignore tout et qu’on ne voit même pas ! On sait aussi qu’au niveau quantique, les particules s’échangent des informations instantanément quelles que soient les distances qui les séparent. Utilisent-elles cette matière noire ? Certains scientifiques parlent ainsi des « Champs informationnels », que j’ai évoqués ici dans un article. Sans oublier la théorie non prouvée du champ morphogénétique qui servirait en quelque sorte de matrice au monde et modèlerait les comportements de tous les êtres vivants (dont nous) sur Terre [5]. Et la théorie ésotérique a souvent mis en avant l’existence d’annales akashiques qui contiendraient tout le savoir humain et que certains individus particulièrement « connectés », comme des chamans ou des grands prêtes, pourraient consulter.
Quelle que soit l’hypothèse, il n’est pas forcément étonnant que les mêmes idées aient germé au même moment et sous la même forme dans l’esprit d’êtres très éloignés les uns des autres, car il semble de plus en plus évident que nous sommes tous reliés ensemble sur la planète, animés en quelque sorte par une « âme-groupe » qui nous fait avancer ensemble...
Cependant, il est possible aussi que les similitudes troublantes que nous rencontrons dans des civilisations très éloignées aient une autre explication : l’existence d’une « civilisation mère » qui aurait donné naissance à toutes ces civilisations, que ce soit en Mésopotamie, en Égypte, en Méso-Amérique ou en Amérique du sud. Nous y reviendrons.
Qu’est-ce qui est à l’origine des civilisations ?
Mais cela ne nous explique pas pourquoi l’homme s’est mis soudain à créer des civilisations. Les experts peinent à expliquer ce qui a provoqué cette brusque accélération du développement humain. On quitte un homme vêtu de peaux de bêtes et maniant des outils rudimentaires, qui se déplace constamment en petits groupes isolés ou vit dans de minuscules villages, et quand on revient quelques années plus tard, on trouve Imhotep dirigeant la construction de la pyramide de Saqqarah, la première pyramide à degré ! Entre les deux, que s’est-il passé ? Comment ces hommes ont-ils décidés de se rapprocher les uns des autres, de se soumettre à l’autorité de quelques-uns ? Comment ont-ils conçu leurs villes, leurs systèmes d’irrigation ? Comment leur est venue l’idée de bâtir des monuments aussi imposants pour adorer des dieux si invisibles ? Nous nous sentons bien sûr très proches de ces hommes-là puisque 6.000 ans plus tard nous vivons dans des cités bâties sur le modèle qu’ils ont imaginé. Mais comment l’envie de « vivre ensemble » et de « voir grand » a-t-elle germé dans leurs esprits ?
Dans ce domaine comme dans d’autres, les chercheurs en sont au stade des hypothèses. Et on en découvre une tous les jours !
La dernière en date nous vient d’un groupe de chercheurs américains qui expliquent la naissance des civilisations par la chute du taux de testostérone — l’hormone mâle — chez les hommes [6]. Selon eux, la féminisation de l’homo sapiens aurait permis le développement chez lui d’aptitudes plus coopératives. Car construire une civilisation suppose chez les individus une stupéfiante aptitude à faire passer l’intérêt commun avant l’intérêt personnel. On constate de nos jours combien cette aptitude est fragile ! Alors imaginez il y a 10.000 ans ! Mais ces chercheurs ne disent pas pourquoi le taux de testostérone a diminué...
À l’opposé, d’autres chercheurs pensent que c’est au contraire l’esprit belliqueux de l’homme qui l’a incité à se réunir dans des villes, de préférence fortifiées, pour se protéger des armées ennemis. Malheureusement, cette hypothèse n’est pas facile à démontrer car, jusqu’à un passé récent, nous ne savions pas comment étaient les cités des premières civilisations. Nous avons vu que les grandes civilisations connues ont été des foyers sur lesquelles d’autres cités ont été construites, puis démolies, puis reconstruites, etc. Nous n’avons donc pas de cité originelle à étudier pour connaître sa conception et en déduire ce qui a motivé son édification.
Mais en 1994, l’archéologue Ruth Shady, de l’université de Lima, découvre des pyramides au Pérou. Elles auraient été construites vers 2500 avant J.-C. soit en même temps que les pyramides d’Egypte. Ce site, appelé site de Caral, est aussi très intéressant car il offre la vision de la première cité construite par l’homme. Aucune nouvelle cité n’a été construite dessus, comme c’est le cas dans les autres foyers de civilisation. Elle se présente donc à nous telle qu’elle était il y a 4.500 ans. C’est une « cité mère » d’origine.
Cette découverte est l’occasion de savoir enfin si oui ou non les cités ont été construites pour des raisons guerrières. Regardez ce documentaire passionnant « Les Pyramides oubliées de Caral » :
Tout ça ne nous dit pas ce qui est à l’origine des civilisations
Nous n’avons toujours pas la réponse à notre question : comment passe-t-on de notre homme préhistorique avec sa petite pierre polie à la main au bâtisseur de la pyramide de Kéops orientée vers la constellation d’Orlon... Certains rétorqueront qu’en deux ou trois milliers d’années, l’homme a pu faire des progrès considérables. Peut-être, sauf qu’entre le paysan de l’Égypte antique et le paysan du Moyen-Âge, il n’y a pas grande différence... L’homme a accompli des progrès spectaculaires depuis 100-150 ans, mais a stagné pendant des millénaires. Et peut-être même régressé si l’on mesure les connaissances hallucinantes des bâtisseurs des pyramides de Gizeh...
Alors ? Encore un coup des extraterrestres ?
Pour les tenants de la théorie des Anciens Astronautes, dont j’ai parlé précédemment, l’hypothèse selon laquelle la toute première civilisation, Sumer, aurait été créée par des extraterrestres, les Anunnaki, des dieux venus du ciel dont les tablettes sumériennes font état, semble très probable. Ces êtres pas très sympathiques auraient créé l’homme de toute pièce pour l’asservir à l’exploitation des ressources de la Terre à leur profit. Cette théorie, très controversée, voit l’intervention des extraterrestres partout. Il est vrai que les « dieux » de toutes ces civilisations, d’un bout à l’autre de la planète, ont des comportements étranges qui leur donnent effectivement des allures de voyageurs célestes. Ils vont et viennent dans le ciel à bord de curieux engins, souvent décrits comme des animaux : dragons crachant le feu, chevaux ailés, serpents magiques. Surtout, ces dieux semblent avoir répandus leurs bienfaits sur l’humanité pendant un temps puis être repartis laissant l’homme très désemparé, très nostalgique d’un âge d’or. Mais, comme nous le verrons, tout ceci peut s’expliquer autrement que par l’intervention d’extraterrestres...
Comme souvent, l’absence d’éléments scientifiques probants débride notre imagination. Tant que nous ne saurons pas précisément ce qui s’est passé à cette époque, on sera tenté de faire intervenir des forces venues d’ailleurs qui nous auraient donné un coup de pouce bienveillant il y a 6.000 ans. La construction d’un monument comme la pyramide de Kéops suppose une telle organisation du travail, une telle maîtrise de la pierre, de telles connaissances en matière de géométrie, d’astronomie, du jeu des forces gravitationnelles, sans parler de la beauté des formes et de l’ingéniosité de la circulation interne, qu’on peut légitimement se demander comment ces monuments ont pu être construits par l’homme sans une aide extérieure... Extraterrestre ou pas...
Les surprenantes statues olmèques
Longtemps inconnue des chercheurs, qui pensaient que la plus ancienne civilisation de Méso-Amérique était celle des Mayas, la civilisation des Olmèques est considérée aujourd’hui comme une « civilisation-mère » du Mexique.
Les statues qui ont été retrouvées ne cessent d’intriguer les chercheurs. Non seulement elles témoignent d’une maîtrise parfaite de la taille de la pierre, mais elles représentent à l’évidence des têtes d’hommes noirs. Or, comme on le sait, les premiers Noirs n’arriveront sur le continent américain qu’avec l’esclavage. Comme il ne fait guère de doute pour les spécialistes que ces têtes ont été sculptées d’après un modèle réel, d’où venaient donc ces hommes ? Peut-être d’Afrique, peut-être aussi de Polynésie car la ressemblance entre certaines têtes et les visages de Polynésiens actuels est frappante. Et peut-être des deux ! Cette zone n’aurait pas été peuplée par le nord mais par l’ouest et/ou l’est.
Encore plus étonnant, l’art olmèque ne sera pas dépassé par la suite par les civilisations Mayas ou Aztèques. Le fameux calendrier Maya qui nous avait prédit la fin du monde pour le 21 décembre 2012 avait en fait été inventé par les Olmèques...
Si l’on exclut cette aide extérieure, le « saut historique » qui a produit nos civilisations nous échappe. Après tout, peut-être que dans 6.000 ans, les chercheurs qui découvriront par hasard les restes de notre civilisation se demanderont comment l’homme est passé du tambour du garde-champêtre à l’iPhone en 100 ans ! Et certains penseront sans doute que les extraterrestres nous ont donné un coup de pouce. Certains le pensent d’ailleurs et expliquent ainsi le bond technologique qui, après la Seconde Guerre mondiale, nous a entraînés dans la conquête spatiale...!
En tout cas, il est clair que l’homme du Néolithique a le regard tourné vers le ciel. Les pyramides, même si on ne connaît pas leur vocation exacte, symbolisent un escalier montant vers le ciel. Les sites mégalithiques construits par l’homme auparavant, comme à Stonehenge au Royaume-Uni, s’inscrivent aussi dans un dialogue avec le ciel. Pourquoi une telle obsession ? Que voyaient donc dans le ciel nos ancêtres qui les poussaient à construire des monuments qui défient aujourd’hui encore notre entendement ? Pourquoi ? Pour qui, surtout ? Car même si les civilisations naissantes s’organisent autour du commerce des productions de la cité, les édifices monumentaux y occupent une place centrale — la place que leur destination devait occuper dans les esprits de tous les « citoyens » des premières civilisations. Malheureusement, toutes nos fouilles ne nous diront sans doute jamais ce qui s’agitait dans les cerveaux de nos ancêtres...
Vraiment les premières civilisations ?
Mais une autre question se pose à propos de l’origine de nos civilisations. Et si, après tout, Sumer n’était pas la première civilisation humaine... Un nom me vient naturellement à l’esprit : l’Atlantide, cette île mystérieuse dont parle Platon et qui aurait été le siège d’un empire « grand et merveilleux » ayant disparu dans un cataclysme. Certains pensent que des Atlantes ont survécu à ces événements et se sont ensuite disséminés sur la surface du globe pour faire évoluer les hommes qui s’y trouvaient, favorisant ainsi la naissance accélérée de civilisations.
La Terre a connu un certain nombre de phases de destructions massives. Des civilisations anciennes ont pu naître et se développer puis être anéanties par un de ces cataclysmes dont notre chère Terre a le secret : éruption volcanique, tremblement de terre, chute d’un astéroïde ou d’une comète, inversion du champ magnétique, glaciation, réchauffement climatique, raz de marée, etc. On sait depuis Umberto Ecco qu’une coupure d’électricité nous ramènerait au Moyen-Âge en une semaine ! On sait aussi qu’il suffit de 1.000 ans pour que la nature reprenne ses droits et fasse disparaître toute trace de notre civilisation.
L’homo sapiens remonte, selon les dernières découvertes de dents en Israël, à -400.000 ans. Il est donc possible que des civilisations soient apparues avant la nôtre et aient disparu ensuite, l’homme revenant au stade de la pierre polie et repartant presque à zéro. Il faut lire à ce propos la terrifiante nouvelle de H.-P. Lovecraft, Les Montagnes Hallucinées : une expédition dans l’Antarctique découvre dans les montagnes les ruines d’une civilisation vieille de plusieurs centaines de milliers d’années...
Ce qui continue de troubler les chercheurs c’est qu’une civilisation comme celle de l’Égypte semble être née d’un coup, sans évolution progressive. On ne trouve nulle trace de développement antérieur. On passe directement et instantanément de quasiment rien à quasiment tout. Comme si une « civilisation clé en main » avait été apportée en Égypte. Non seulement en Égypte mais aussi en Mésopotamie, en Méso-Amérique ou en Amérique du Sud. Ces civilisations semblent jaillir d’un coup selon un schéma type, certes adapté aux traditions et au contexte locaux, mais avec de fortes similitudes. Et à chaque fois les mythes de ces civilisations évoquent l’arrivée d’hommes « différents » qui seront ensuite déifiés, comme les Annunaki dont on a parlé pour la Mésopotamie, ou comme Viracocha et Quetzalcoatl, le fameux « Serpent à plume », pour la Méso-Amérique et l’Amérique du Sud. Ces « civilisateurs » venus d’ailleurs étaient si particuliers que lorsque les Espagnols arrivèrent sur le continent américain au début du XVIe siècle, les habitants crurent que leurs dieux revenaient. Une caractéristique de ces « civilisateurs » est en effet qu’après avoir apporté la connaissance et la sagesse aux peuples, ils s’en sont allés dans des circonstances souvent étranges...
C’est cette existence de « civilisateurs » un peu bizarres qui a nourri la théorie des Anciens Astronautes dont j’ai déjà parlé. Mais pourquoi ces êtres différents viendraient-ils d’une autre planète ? Pourquoi ne pas imaginer qu’une civilisation terrestre très avancée — une sorte de « civilisation mère » — a existé autrefois et que ses membres ont parcouru le monde pour donner un petit « coup de pouce » à notre pauvre petit polisseur de pierre...?
Nous n’avons pas de preuve de la venue de ces extraterrestres civilisateurs, nous n’avons pas non plus de traces d’une « civilisation mère » antérieure à Sumer, mais nous n’avons pas davantage de témoignages d’une évolution progressive de l’homme ayant conduit à la civilisation ; le mystère de la naissance de nos civilisations reste donc entier. Pour le moment...