Cette célèbre pensée de Pascal s’éclaire d’un jour nouveau à la lumière des nombreux témoignages de greffés du cœur qui ressentent un profond changement de leur personnalité après leur opération. Ils décrivent parfois des virages à 180°. Tel qui suivait une hygiène diététique impeccable, se précipite maintenant au fast food du coin. Telle qui n’aimait que la musique classique, branche son auto-radio sur une station de rock.
Quoi de plus normal ? disent les scientifiques, toujours prompts à dresser des pare-feux dès que des faits semblent appuyer une vision non matérialiste du monde. Les personnes qui ont un organe greffé, comme le cœur, vivaient depuis des années dans une situation douloureuse, incertaine. Ils se savaient condamnés et leur salut ne tenait qu’à l’existence d’un donneur compatible. Du coup, quand ils sont sauvés de la mort par une greffe, toute leur vie est chamboulée. Ils doivent apprendre de nouveaux réflexes, se débarrasser d’anciennes habitudes. Leur goût pour la vie est décuplé. Dès lors, pas étonnant que leur personnalité change...
Certes, certes... Mais cette explication ne me convainc pas.
Ce que disent ces témoignages va au-delà de simple « mieux-être » ressenti par un individu qui a échappé à la mort et retrouve une vie normale. Car dans les cas décrits, le changement crée un inconfort, un conflit dans les centres d’intérêt, dans les goûts. Exactement comme je l’avais décrit dans ma nouvelle L’homme à la tête greffée (Voir onglet La nouvelle).
Le cas le plus connu de ce genre de métamorphose est celui de Claire Sylvia. Elle a décrit son aventure dans un livre Mon cœur est un autre ; elle hérite du cœur d’un jeune motard de 18 ans et se met soudain à aimer la bière, les beignets de poulet... et les femmes !
En France, nous connaissons le cas de la comédienne Charlotte Valandrey qui a écrit un témoignage sur ce qui s’est passé après sa greffe : elle est tombée amoureuse de l’amant de la jeune femme dont on lui a greffé le cœur. Et le coup de foudre a été réciproque ! Du moins, elle suppose qu’il s’agit de la jeune femme en question, car l’identité des donneurs est protégée par le secret médical.
Les scientifiques pensent que tous ces phénomènes sont le fruit de coïncidences ou de l’imagination des greffés. Pourtant, depuis la première transplantation cardiaque il y a 26 ans [1], les témoignages affluent. Certes, aucune étude sérieuse n’est menée sur ce sujet, comme c’est souvent le cas dès qu’on s’approche du feu ! On ne dispose pas, notamment, de statistiques précises sur la fréquence de ce type de souvenirs. Un cas sur 1.000 ? Sur 100 ? Sur 10 ? Sur 2 ?
Nos organes ont-il une mémoire ?
On pense généralement que notre mémoire — celle qui retient la somme de nos expériences, de nos goûts, de nos émotions — est dans notre système nerveux, dans notre cerveau essentiellement. Le cœur, lui, ne serait que de la viande, sans mémoire, sans affect.
Certains scientifiques, néanmoins, n’excluent par l’hypothèse qu’il existerait une « mémoire cellulaire ». Tous nos organes stockeraient des informations relatives à notre personnalité. Lors d’une greffe, un « bout » de la personnalité du donneur passerait chez le receveur. Ce phénomène serait amplifié par les doses massives de médicaments absorbés par le receveur pour empêcher le rejet de la greffe ; les « bouts » de mémoire du donneur influenceraient ainsi plus facilement sa personnalité.
Voyez sur cette vidéo le témoignage d’un homme qui a subi l’influence de la personnalité du cascadeur dont on lui a greffé le cœur et découvrez les explications scientifiques sur cette « mémoire cellulaire » :
Le cœur, un organe comme les autres ?
Ce qui me frappe dans ces cas, c’est que les témoignages recueillis jusqu’à présent concernent surtout les greffes du cœur. Il semble que les greffés d’autres organes, comme les poumons par exemple, ne ressentent pas ce changement profond de personnalité.
Pourtant, sur le plan physiologique, il n’y a aucune raison que le cœur provoque seul le phénomène. Sur le plan physiologique, sans doute, mais si l’on se place sur un autre plan, tout s’éclaire.
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Depuis des temps très reculés, l’homme a pris l’habitude d’attribuer au cœur un statut particulier. Les Égyptiens en avaient fait le siège de l’âme. Selon leur conception, à la mort, le cœur était pesé par le dieu Anubis et de cette pesée dépendait le sort de l’âme du défunt...
J’ai du mal à ne voir là-dedans que des croyances naïves d’hommes qui ne disposaient pas de nos outils modernes d’investigation du corps humain. Il est clair que le cœur est un symbole puissant de la vie — et de celle de chaque individu ! Ses premiers battements dans le fœtus, bien avant que le cerveau ne soit formé, sonnent le top départ de notre aventure humaine. Il vit ! Et son dernier battement en sonne le glas. Entre ces deux moments clés de notre existence, le cœur fait couler le sang dans notre organisme. Il apporte à tous nos organes l’oxygène et les nutriments qui leur sont indispensables.
Cette suprématie du cœur sur le cerveau dans le processus vital se retrouve aussi dans les cas de comas, ou dans les maladies dégénératives du cerveau, comme la maladie d’Alzheimer. L’individu continue de vivre, même s’il a perdu conscience, même si son rapport au monde est altéré. Le cœur semble effectivement avoir ses raisons que la raison ignore. Il est d’ailleurs totalement autonome dans son fonctionnement, ce qui fait de lui un organe à part. Seuls quelques Yogi sont capables de contrôler les battements de leur cœur. Pour le commun des mortels, le fonctionnement du cœur échappe à notre volonté (et tant mieux, d’ailleurs !).
Dans le langage courant, le cœur est doté de qualités qui n’ont rien à voir avec sa vocation physiologique ! C’est le siège des émotions, de l’amour, de la bravoure, de la détermination, de l’implication. Il abriterait ainsi les aspects de notre personnalité les plus fondamentaux, alors que le cerveau, lui, serait le siège de notre personnalité superficielle, artificielle même... Pas étonnant alors qu’une greffe du cœur soit d’une nature particulière et influence la personnalité profonde des receveurs.
Mais cela ne me dit pas comment un phénomène aussi mystérieux et déconcertant est possible.
Un bout de corps éthérique greffé avec le cœur ?
Je décide donc de faire un tour du côté de l’invisible...
Les adeptes de l’ésotérisme croient que notre corps physique est entouré d’enveloppes invisibles qui ont chacune une fonction particulière. De nombreuses descriptions existent de ces différents « corps » superposés. Aujourd’hui, la plus répandue est celle de Rudolf Steiner [2], qui décrit trois « corps » superposés : le corps astral, siège de notre âme, le corps physique, siège de nos organes, et entre les deux, chargés de faire la liaison, le corps éthérique. Il véhiculerait l’énergie vitale et abriterait les mystérieux chakras. C’est ce dernier corps qui nous intéresse dans le cas présent.
Dans la conception ésotérique, ce corps éthérique constitue l’aura d’un individu. Certains médiums sont capables de la visualiser et, en fonction de ses couleurs, de ses mouvements internes, de connaître l’humeur et l’état de santé de l’individu. Au moment de la mort, le corps astral — l’âme — est censé se détacher du corps éthérique, lequel reste quelque temps encore « accroché » au corps physique avant de se dissoudre. Parfois, il ne se résout pas à partir et c’est ce qui expliquerait le « voile blanc » des fantômes. Ensuite, le corps physique, qui n’est plus « animé » par le corps éthérique, commence sa décomposition.
Je me pose alors la question : lorsqu’on greffe un organe aussi essentiel que le cœur, un bout du corps éthérique qui l’anime chez le donneur vient-il s’incorporer dans le corps éthérique du receveur, en lieu et place de la partie qui est retirée ? Est-ce ainsi que la personnalité du donneur vient vampiriser celle du receveur ? C’est mon hypothèse et elle expliquerait beaucoup de choses...
Mais, au terme de mon exploration, un phénomène reste pour moi très troublant, quelle que soit l’explication — mémoire cellulaire ou transfert de corps éthérique. Pourquoi la personnalité du donneur prend-elle le dessus sur celle du receveur ? Le cœur est-il notre « saint Graal » personnel [3], ce calice qui contient ce que nous sommes, et qui commande à tout notre être ?
Ces témoignages mystérieux de greffés nous éclairent peut-être sur le processus à l’œuvre au moment de la réincarnation. C’est sans doute par le cœur que notre âme prend possession de son nouveau véhicule terrestre... et par lui qu’elle le quitte
On peut imaginer que le milieu médical ne souhaite pas que ces informations soient trop répandues. Selon l’Agence de la biomédecine, il y a eu 398 greffes du cœur en 2011 [4]. Soit près de 400 vies sauvées. Les réticences face à une greffe sont déjà très importantes. Il n’est sans doute pas utile d’en ajouter une couche en évoquant un possible changement de personnalité, d’autant qu’aucune preuve scientifique ne vient étayer ce phénomène. On peut d’ailleurs se demander si on en cherchera jamais...