Société
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2013

Tout est faux à Noël mais il ne faut surtout pas le dire aux enfants !

D’où viennent tous les mythes et les symboles des fêtes de Noël ?
TAGS : Extraterrestres | Jean Baptiste | Jésus-Christ | Noël | Prophètes | Rois Mages | Théorie des Anciens Astronautes
Publié le : 22 décembre 2013 - Modifié le : 25 janvier 2023

Noël est une grande période d’aveuglement consenti, un gigantesque mensonge collectif. Tout est faux, de la naissance du Christ au Père Noël, mais on est tellement tristes en ce début d’hiver qu’on est prêt à croire à toutes les histoires, du moment qu’elles nous réchauffent un peu l’âme.

Notre âme de chrétien, d’abord...

Plantons le décor : nous sommes à Bethléem en Judée à 10 km au sud de Jérusalem, dans une étable. La date : la nuit du 24 au 25 décembre 753 de Rome (An -1 de l’ère chrétienne, laquelle ne commencera que le 1er janvier suivant). Les personnages : Jésus est allongé dans une mangeoire de l’étable, la « crèche » (ce nom vient du latin cripia qui veut dire mangeoire). Joseph est présent à côté de Marie qu’on représente généralement agenouillée et en habit ordinaire, comme si elle avait échappé aux souffrances d’un accouchement commun. Il y a là l’âne qui a conduit Marie enceinte à Bethléem et le bœuf qui a réchauffé le nouveau-né de son souffle. Sont également présents des bergers avec leurs animaux ; ce sont les premiers à qui la nouvelle de la naissance du Christ a été annoncée par l’apparition d’un ange dans les champs où ils gardaient leurs troupeaux [1].

Depuis des siècles cette image de la crèche avec Jésus dans une mangeoire, entouré de Joseph et Marie, de l’âne et des bergers avec leurs animaux représente la Nativité.

Disons-le tout de suite, dans ce tableau touchant qui ensoleille notre fin d’année depuis des siècles, tout est faux !

D’abord, Bethléem. Pourquoi diable Jésus naît à Bethléem alors que son père Joseph vit avec Marie à Nazareth en Galilée ? D’ailleurs, après avoir fui en Égypte, Joseph reviendra à la mort du roi Hérode à Nazareth avec Marie et leur fils. Et Jésus est surnommé « le Nazaréen » [2].

C’est Luc qui fournit l’explication dans son évangile [3] :

Or il advint en ces jours-là [que]
parut un édit d’auprès de César Auguste,
que soit recensée toute la terre-habitée.
Ce premier recensement advint
Quirinus étant gouverneur de la Syrie.
Et tous allaient [pour] être recensés,
chacun vers sa ville.

Or, Joseph est né à Bethléem, la ville du roi David. Comme des centaines d’autres personnes, il fait donc le voyage jusqu’à sa ville natale, avec Marie enceinte sur un âne. Quand ils arrivent, toutes les auberges sont pleines et comme l’accouchement de Marie est imminent, ils se rendent dans une étable.

Le tableau de Bruegel décrit l’arrivée de Joseph et Marie à dos d’âne, l’hiver, à Bethléem où les natifs de la ville arrivent en masse. Marie est au centre en bas sur un âne tiré par Joseph. Les habitants se pressent au guichet à gauche pour se faire recenser.

Malheureusement, le repère historique fourni par Luc, le recensement de Quirinius, a lieu en l’An 6 ! Il y a donc une impossibilité historique ! Le repère le plus couramment admis pour situer la naissance du Christ est la mort du roi Hérode en l’An -5 (749 de Rome). On sait qu’Hérode ayant été averti de la naissance du « roi des juifs », ordonne de tuer tous les enfants de 2 ans et moins. C’est le massacre des innocents. C’est pourquoi Joseph s’enfuit en Égypte avec Marie et Jésus et ne revient à Nazareth qu’après la mort d’Hérode.

Le massacre des innocents à Bethléem peint par Cornelis Cornelisz van Haarlem.

Donc, Jésus est déjà né à la mort d’Hérode. C’est incompatible avec le recensement de Quirinius. Il est possible que l’on ait fixé le lieu de naissance de Jésus à Bethléem en référence au roi David afin de lui conférer une lignée terrestre prestigieuse.

Mais si Jésus est déjà né à la mort d’Hérode, en 749 de Rome [4], alors le point de départ de l’ère chrétienne, l’An 1, à savoir l’an 754 de Rome, est faux ! Au moment de la mort du roi, Jésus est sans doute âgé d’un an ou deux. Les spécialistes s’accordent donc à penser que Jésus est né entre l’An -5 et l’An -7. Mais pas en l’An -1. Nouveau mensonge ! Nous sommes donc en 2017, 2018 ou 2019 après Jésus-Christ, mais pas en 2013.

On nous raconte vraiment n’importe quoi et personne ne réagit !

Qui a commis l’erreur ? Ce serait la faute d’un moine, Denys le Petit. C’est lui qui, à Rome, en 525, est chargé de trouver une façon de calculer la date de Pâques — jour de la résurrection du Christ, trois jours après sa crucifixion — différente du calendrier lunaire de la tradition juive. Il se serait trompé de quelques années. Pourquoi ? À cause de la date du 25 mars. C’est le jour de l’Annonciation : l’archange Gabriel annonce à Marie qu’elle va donner naissance au fils de Dieu. Neuf mois après, le 25 décembre, Marie accouche de Jésus. Le 25 mars, c’est aussi le jour de l’équinoxe de printemps. Or Denys le Petit voudrait commencer le comptage de l’ère chrétienne en faisant coïncider le 25 mars avec la nouvelle lune de printemps. Cette coïncidence ne s’est produite qu’en 753 de Rome et jamais dans les années qui entourent 753. Donc, il fixe la naissance de Jésus (An -1) à 753 de Rome et l’ère chrétienne, l’An 1, commence au 1er janvier suivant. À l’époque, cette erreur de bonne foi chrétienne n’est pas bien grave car on ne commencera réellement à compter les années à partir de la naissance du Christ que vers l’An Mil [5].

Jésus n’est pas né à Bethléem, et pas en -1. Au moins, est-il né le 25 décembre ? Eh bien non. Nouvelle duperie !

La date de la naissance de Jésus a été fixée très tôt au 25 décembre. Un manuscrit très ancien datant au maximum de 336 fixe déjà la naissance de Jésus au 25 décembre. Dès cette époque, les festivités de la Nativité sont organisées à cette date. Aujourd’hui, on considère que la date de la naissance de Jésus a été choisie pour la faire coïncider avec des fêtes païennes qui se déroulaient au moment du solstice d’hiver. Mais le solstice d’hiver a lieu selon les années le 21 ou le 22 décembre. C’est la plus longue nuit de l’année, et les jours commencent à rallonger le lendemain. Si l’on voulait faire coïncider la naissance du Christ avec le solstice d’hiver, il aurait fallu la fixer au 21 décembre, et non au 25 ! Une embrouille de plus ! C’est la faute à Jules César et à son calendrier solaire « Julien ». Les fêtes romaines de l’époque, les Saturnales, duraient sept jours, du 17 au 24 décembre. Quand il réforme le calendrier lunaire en vigueur, Jules César fixe le solstice d’hiver au 25 décembre. Et voilà comment la naissance du Christ se retrouve le 25 décembre et non le 21 ! Tout est faux, je vous dis !

En tout cas Noël est fixé au moment des fêtes de la renaissance du soleil tout comme Pâques tombe au moment du jour de l’équinoxe de printemps, au moment où la nature revit. C’est l’époque d’une fête païenne de la fertilité, d’où les œufs de Pâques, qui n’ont aucun rapport avec la résurrection du Christ ! Ces dates n’ont aucune valeur historique, elles sont destinées à agglomérer les anciennes fêtes païennes avec les nouvelles fêtes chrétiennes.

Mais pour les spécialistes, Jésus ne peut pas naître à Bethléem un 25 décembre, car à cette date, l’hiver est très froid. Les bergers ne sortent pas leurs animaux. L’ange n’a donc pas pu les prévenir de la naissance du Christ là où ils les gardaient, dehors. De plus, il était aberrant de faire déplacer toutes les populations pour le recensement justement à cette époque de l’année [6].

Mais si Jésus n’est pas né le 25 décembre, quand est-il né ? Des experts ont avancé différentes dates, mais rien de bien convaincant. Un document ancien, le De Pascha Computus, écrit en 243, fixe la date au 28 mars. Mais le texte semble vouloir établir un synchronisme entre la naissance du soleil et celle du Christ, donc la date a une forte connotation symbolique.

Pour certains, la coïncidence de la date de naissance de Jésus et des festivités du solstice d’hiver n’est pas une construction de l’église, mais une réalité. Sur son site, Henriette Marquebreucq-Horovitz [7], tente de démontrer que Jésus est bien né le 25 décembre. Elle s’appuie en fait sur la date de la conception de Jean le Baptiste, dont on sait qu’il avait six mois de plus que Jésus. Ce qui le ferait naître en juin. Sa conception annoncée par l’Ange à Zacharie (le père de Jean le Baptiste) remonterait à septembre de l’année précédente. Cette annonce est située par Luc pendant sa semaine de tour de garde au Temple de Jérusalem. Or, en analysant les documents de la Mer Morte retrouvés récemment, elle a découvert les périodes des « tours de garde » de la famille de Zacharie, et il y a bien eu une garde en septembre. Pour elle, Jean le Baptiste est donc bien né le 25 juin et Jésus six mois plus tard, le 25 décembre.

Mais ces deux dates sont celles de deux moments importants du cycle solaire : le solstice d’été et ses fêtes païennes des jours les plus longs, et le solstice d’hiver avec ses fêtes de la renaissance quand les jours commencent à rallonger, il est alors difficile de les considérer comme historiquement réelles.

C’est pourquoi les spécialistes pensent plutôt que la date de la naissance de Jésus a été fixée pour coïncider avec les festivités d’hiver.

Et les Rois Mages Gaspard, Melchior et Balthazar dans tout cela ? Ont-ils existé ? Eh bien non. C’est encore une belle histoire sans fondement.

Rappelons les faits : Au-dessus de la crèche où naît Jésus (où ne sait pas trop où ni trop quand !), apparaît une étoile particulièrement brillante, dite du berger. Trois Rois Mages vivant en Orient l’aperçoivent et, se laissant guider par elle (d’où son nom de berger — aujourd’hui on l’appellerait plutôt Gépéesse), arrivent à Bethléem 12 jours plus tard, le 6 janvier. C’est donc à cette date que l’on situe l’Épiphanie et qu’on se goinfre de galettes à la frangipane ! C’est Matthieu (2,1) qui fait allusion à ces mages :

Or Jésus étant né en Bethléem de la Judée,
dans les jours d’Hérode le roi,
voici des mages d’Orient
arrivèrent vers Jérusalem

Mais il ne précise donc ni leur nombre, ni leur nom, ni leur origine, ni leur statut exact. C’est au VIe siècle qu’on fixe leur nombre et qu’on les désigne par les noms que l’on connaît aujourd’hui. Mais ces choix sont plus symboliques qu’historiques ! Ils auraient apporté au Christ de l’or, de l’encens et de la myrrhe. C’est pourquoi on dit qu’ils sont trois. Trois cadeaux, trois Rois Mages. Les noms de Gaspard, Melchior et Balthazar aussi sont inventés ! On vous raconte n’importe quoi pendant ces fêtes, je vous dis !

En fait, l’Épiphanie ne commémore pas simplement l’arrivée de ces rois (encore moins la consommation d’une galette ! [8]) mais la venue du Christ (sa présentation aux Rois Mages). Le terme d’Épiphanie désigne en effet toutes les manifestations (apparitions) de divinités. À l’origine (IVe siècle), c’est à ce moment (et non le 25 décembre) qu’ont lieu les festivités entourant la naissance du divin enfant, l’incarnation. Le 25 décembre, c’est Jésus en tant que corps physique qui naît. Mais le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, c’est la nature divine du Christ qui s’incarne dans ce corps, sous le regard des Rois Mages.

Les 12 jours qui séparent le 25 décembre de l’Épiphanie fêtée le 6 janvier n’ont aucune réalité historique. Ils ont été choisis en référence à la symbolique très forte du chiffre 12 (12 heures... 12 mois... 12 apôtres... 12 signes du Zodiaque, etc. [9]).

Mais pourquoi, dans la tradition religieuse, est-ce seulement au moment de sa présentation aux Rois Mages le 6 janvier que naît vraiment le Christ ? Cette chronologie oblige à s’interroger sur la nature exacte de ces personnages « magiques ». Ils sont souvent présentés sous un aspect un peu folklorique et presque anecdotique. Mais il semble qu’il faille leur accorder bien plus d’attention. Le plus troublant du récit les concernant est cette fameuse étoile du berger qui les guide. Car une étoile ne « guide » pas, au mieux, elle permet de se localiser, mais elle n’accompagne pas le voyageur ! Voilà pourquoi certains pensent que cette étoile serait en fait — tenez-vous bien ! — un vaisseau extraterrestre et que les mages seraient eux-mêmes des personnages venus de l’espace arrivant d’Orient, guidés par ce vaisseau spatial, pour donner le top départ de l’une des aventures spirituelles les plus saisissantes de l’histoire de humanité. Cette idée fait partie de ce qu’on appelle la « Théorie des Anciens Astronautes » dont je parlerai dans un prochain article.

Bien sûr, les experts ne croient pas non plus à cette histoire de Rois Mages, venus du ciel ou pas, si bien que le dernier pan de notre décor s’écroule. Mais les Rois Mages sont sans doute là pour nous rappeler que nous avons tous une étoile à suivre...

Un morceau magique

Ce mythe a en tout cas inspiré en 1963 à l’Argentin Ariel Ramirez un morceau magnifique (Paroles de Felix Luna) qui figure dans la Navidad nuestra (N°5 Los Reyes Magos). Depuis que je l’ai entendu pour la première fois, ce morceau m’émeut au plus profond de moi-même chaque fois que je l’écoute comme si ces voix superbes et cette mélodie profonde et joyeuse nous disaient quelque chose des mystères de nos origines :

et une version plus moderne :

Jésus n’est pas né à Bethléem, sans doute pas dans la nuit du 24 au 25 décembre, et sûrement pas en l’An -1. On s’excite tous en fin d’année sur la base d’une énorme mystification. Nos jolis sapins décorés, nos jolies crèches avec leurs jolis santons ne correspondent à rien, et pourtant nous dépensons une fortune pendant cette période ! Une vaste manipulation. Tout le monde le sait, d’ailleurs, ou s’en doute, mais on fait semblant que c’est vrai. Noël est une hallucination collective, je vous dis.

... Notre âme d’enfant, ensuite

Quant au Père Noël, là, au moins, les choses sont claires, c’est un mensonge. Un vrai. Bien avant que Noël se transforme en commémoration religieuse, il était déjà d’usage, pour fêter le rallongement des journées, d’offrir des cadeaux aux enfants. L’origine du mot « Noël » est d’ailleurs, selon différentes interprétations, soit dérivé du mot « nouveau » (sous-entendu, « nouveau soleil du solstice d’hiver »), soit du mot « naissance » (sous-entendu, naissance du Christ, mais aussi peut-être renaissance du soleil).

Le sapin de Noël vient d’une coutume très ancienne, païenne elle aussi, liée aux fêtes du solstice d’hiver. Il symbolise l’arbre de vie. À noter que les « boules » qu’on y accroche étaient autrefois des oranges. Mais à la suite d’un hiver très mauvais, faute d’oranges, un souffleur de verre d’un village eut l’idée de les remplacer par les boules en verre...!

Même si la Noël est devenue aujourd’hui une vaste foire commerciale, les festivités présentent une forte connotation symbolique qui mêle habilement les aspects religieux et profanes. Ainsi, les cadeaux aux enfants, considérés comme « promesse d’avenir », sont censés aussi rappeler les cadeaux faits par les Rois Mages au divin enfant (l’or, l’encens, la myrrhe). De même, la veillée de Noël est censée rassembler les membres de la famille (et seulement ceux-là, les amis se réunissant une semaine plus tard pour le réveillon de la Saint-Sylvestre), comme Joseph, Marie et Jésus sont rassemblés dans l’étable.

C’est l’évêque Nicolas de Myre, devenu Saint Nicolas (Santa Claus) pour avoir sauvé 3 enfants, qui a servi de modèle pour le Père Noël.

Quant au Père Noël, il a été inventé par les Anglo-saxons au XIXe siècle. Il est en fait l’héritier de Saint Nicolas, alias Santa Claus, alias Nicolas de Myre, un évêque né en 270 à Patara en Lydie (actuelle Turquie). La légende raconte que l’évêque aurait ressuscité trois petits enfants qu’un horrible boucher lui avait servis en repas sous forme d’un petit salé. Beurk. Voilà pourquoi « Saint Nicolas » est l’ami des enfants, d’où le Père Noël, d’où les cadeaux, d’où le Père fouettard aussi (l’horrible boucher). Il paraît qu’il avait beaucoup d’argent venant d’un héritage et distribuait la nuit anonymement des cadeaux et de la nourriture aux pauvres.

La naissance du Père Noël que nous connaissons date de 1821. Cette année-là, un pasteur new-yorkais écrit pour ses enfants un poème intitulé « A visit from Saint Nicholas » (« Une visite de Saint Nicolas ») dont voici la traduction :

C’était la nuit de Noël, un peu avant minuit,

A l’heure où tout est calme, même les souris.

On avait pendu nos bas devant la cheminée,

Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.

Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,

Les enfants sages s’étaient déjà endormis.

Maman et moi, dans nos chemises de nuit,

Venions à peine de souffler la bougie,

Quand au dehors, un bruit de clochettes,

Me fit sortir d’un coup de sous ma couette.

Filant comme une flèche vers la fenêtre,

Je scrutais tout là haut le ciel étoilé.

Au dessus de la neige, la lune étincelante,

Illuminait la nuit comme si c’était le jour.

Je n’en crus pas mes yeux quand apparut au loin,

Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,

Dirigés par un petit personnage enjoué :

C’était le Père Noël je le savais.

Ses coursiers volaient comme s’ils avaient des ailes.

Et lui chantait, afin de les encourager :

" Allez Tornade !, Allez Danseur ! Allez , Furie et Fringuant !

En avant Comète et Cupidon ! Allez Eclair et Tonnerre !

Tout droit vers ce porche, tout droit vers ce mur !

Au galop au galop mes amis ! au triple galop !
"
Pareils aux feuilles mortes, emportées par le vent,

Qui montent vers le ciel pour franchir les obstacles,

Les coursiers s’envolèrent, jusqu’au dessus de ma tête,

Avec le traîneau, les jouets et même le Père Noël.

Peu après j’entendis résonner sur le toit

Le piétinement fougueux de leurs petits sabots.

Une fois la fenêtre refermée, je me retournais,

Juste quand le Père Noël sortait de la cheminée.

Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet,

Etaient un peu salis par la cendre et la suie.

Jeté sur son épaule, un sac plein de jouets,

Lui donnait l’air d’un bien curieux marchand.

Il avait des joues roses, des fossettes charmantes,

Un nez comme une cerise et des yeux pétillants,

Une petite bouche qui souriait tout le temps,

Et une très grande barbe d’un blanc vraiment immaculé.

De sa pipe allumée coincée entre ses dents,

Montaient en tourbillons des volutes de fumée.

Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond

Sautait quand il riait, comme un petit ballon.

Il était si dodu, si joufflu, cet espiègle lutin,

Que je me mis malgré moi à rire derrière ma main.

Mais d’un clin d’œil et d’un signe de la tête,

Il me fit comprendre que je ne risquais rien.

Puis sans dire un mot, car il était pressé,

Se hâta de remplir les bas, jusqu’au dernier,

Et me salua d’un doigt posé sur l’aile du nez,

Avant de disparaître dans la cheminée.

Je l’entendis ensuite siffler son bel équipage.

Ensemble ils s’envolèrent comme une plume au vent.

Avant de disparaître le Père Noël cria :

« Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit »

Ce poème sera ensuite publié anonymement dans un journal new-yorkais, « Sentinel », le 23 décembre 1823. Mais bientôt il changera de titre et on reprendra le premier vers : « La nuit avant Noël ». L’auteur décrit donc une visite de Saint Nicolas la veille de Noël, soit le 24 décembre. C’est nouveau, car la célébration de Saint Nicolas a lieu le 6 décembre. Surtout, l’auteur est le premier à décrire Saint Nicolas avec un traineau tiré par des rennes. Tout le folklore de notre « Père Noël » actuel vient de naître dans ce texte !

Et c’est ainsi, grâce à ce pasteur, que Saint Nicolas devient le « Père Noël ».

Plus tard, en 1850, au Royaume-Uni, beaucoup sous l’influence de ce poème et aussi de Charles Dickens, la célébration de Saint Nicolas se déplace peu à peu vers le 24 décembre. Tout se mêle, les cadeaux que Saint Nicolas fait aux enfants et ceux que les familles chrétiennes se font entre eux pour fêter la naissance du Christ, et le commerce est content. Et nos porte-monnaie souffrent.

Le ’look’ actuel du Père Noël a été imaginé par le dessinateur américain Thomas Nast en 1860.

Le look du Père Noël est issu d’un dessin réalisé en 1860 par Thomas Nast pour le Harper’s Weekly, un magazine hebdomadaire politique américain. Le dessinateur y représente Santa Claus sous l’aspect d’un vieillard avec un grand manteau, une pipe et une barbe blanche. Ce look sera ensuite celui du Père Noël. C’est aussi le dessinateur qui fixe la couleur rouge du manteau et désigne le Pôle Nord comme son lieu de naissance. La couleur rouge ne vient donc pas de la marque Coca-Cola, comme on le dit souvent, même si Coca-Cola a beaucoup fait pour fixer l’image actuelle du Père Noël.

Première publicité de Coca-Cola exploitant l’image du Père Noël en rouge et blanc.

Mais alors, pourquoi finit-on un beau jour par dire aux enfants que le Père Noël n’existe pas, si son modèle, Saint Nicolas, a lui réellement existé ? Il n’est après tout que le surnom d’un évêque qui faisait beaucoup de cadeaux dans l’anonymat le plus complet. Mystère !

Pour les psychologues, perpétuer la magie de Noël est un moyen de fournir aux enfants un moment privilégié de communion au sein de la famille. Ils pensent d’ailleurs que les enfants sont plus attachés à la présence chaleureuse de leurs parents qu’aux cadeaux... [10] C’est à voir. Croire au Père Noël c’est aussi bien sûr, admettre que dans nos existences, tout n’obéit pas à une logique implacable de causes à effets. L’irrationnel se manifeste souvent dans nos vies. Une rencontre, un coup de fil, un cadeau, un livre qui tombe entre nos mains. Des forces invisibles accompagnent anonymement nos vies et nous font des cadeaux, comme Saint Nicolas autrefois...

Alors, oui, même si tout est faux du début à la fin dans cette période de Noël, une part de vérité nous attend le 25 décembre au matin, au pied du sapin... si nous n’oublions pas d’y déposer nos chaussons la veille. Évidemment.

Annonciation et réincarnation

Ceux qui croient en la réincarnation se demandent souvent si des traces de cette croyance ne sont pas décelables dans les religions monothéistes. En principe celles-ci sont toutes incompatibles avec la réincarnation. Mais quand même, la conception de Jésus ressemble fort au processus de « réincarnation » en ce qu’elle établit une distinction entre la matrice (l’enfant que va porter Marie) et la nature de l’être qui va habiter ce « véhicule », et qui est annoncée par l’archange Gabriel. Un corps, une âme, un karma. Ne dit-on pas que l’âme, avant de s’incarner sur Terre, « choisit » les parents qui vont l’élever et pressent son destin ? Le parallélisme est en tout cas très troublant. Le 25 décembre naît le « véhicule » et l’âme du fils de Dieu s’incarne 12 jours plus tard, le 6 janvier. Étonnant.

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Notes

[1C’est au VIe siècle que naît la tradition de la reconstitution de la crèche dans l’église Sainte Marie de Rome. En principe, on retire la crèche le jour de la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, soit le 2 février.

[2Des spécialistes comme Laurent Guyénot dans son livre « Jésus et Jean Baptiste » (Imago Exergue) pensent que Jésus est originaire de Capharnaüm. Et « le Nazaréen » ne désignerait pas un habitant de Nazareth. Pourquoi accoler le nom d’un Messie à une petite ville de province ? En fait, Jésus, comme les premiers chrétiens, seraient appelés « les nazoréens » (nazoraïos) qui désignent en quelque sorte des hommes « saints », aux grandes vertus (p. 231). Décidément, rien n’est simple !

[32,1-5. Précisons que seuls Matthieu et Luc parlent de la naissance de Jésus dans leurs évangiles.

[4Les Romains comptaient les années à partir de la fondation de Rome et faisaient commencer l’année le 1er janvier.

[5À signaler qu’à l’époque on ne connaît par le zéro, il n’y a donc pas d’An 0. On passe directement de l’An -1 à l’An 1.

[6Mais on a vu que la naissance de Jésus n’était pas liée à un recensement et n’avait pas eu lieu à Bethléem, ces arguments ne sont donc pas forcément convaincants.

[8La galette est une tradition française d’échange de gâteaux à cette époque. Quant à la fève, elle vient des Romains qui, à cette période, avaient l’habitude très sympathique de tirer au sort avec une fève un condamné à mort qui serait sacré roi le temps des festivités avant d’être exécuté !

[9Et il y a aussi le système duodécimal, à base 12, qui nous sert encore aujourd’hui à compter les douzaines d’œufs. Ceux qui pensent que le système duodécimal a été abandonné au profit du système décimal parce qu’il est plus facile de compter 10 avec ses doigts se trompent. Pour compter douze avec ses doigts, c’est aussi simple : on utilise un doigt d’une main et on compte sur les 3 phalanges des 4 doigts de l’autre main. Malin.

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PUBLIÉ LE : 22 décembre 2013 | MIS À JOUR LE : 25 janvier 2023
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